nov
07
2016

Bob Rugurika : « Les médias indépendants burundais sont debout, la Communauté internationale doit les aider »

Bruxelles -  Ce n’est pas le genre de journaliste à s’avouer vaincu, même en exil, mais le prix que lui a décerné CNN il y a quelques semaines pour sa lutte en faveur de la liberté d’expression au Burundi a convaincu Bob Rugurika que le combat mené par les médias indépendants burundais depuis mai 2015 n’a jamais été aussi important. C’est ce qui ressort de l’entretien que le directeur de la Radio publique africaine a accordé à Infos Grands Lacs et au cours duquel il dénonce « un gouvernement isolé au niveau international qui continue à nous accuser de tous les maux et à nous persécuter ».

A travers le prix CNN, qu’il compare à « un geste de compassion de la Communauté internationale envers les médias burundais, mais aussi une reconnaissance de notre lutte pour un Etat de droit et la démocratisation du Burundi, j’ai l’impression que notre cri est entendu ». Si jamais silence il y a eu, il n’a jamais été totalement étouffé. « Aussi bien de l’exil que dans le pays, de nombreuses initiatives sont menées pour informer les Burundais de ce qui se passe réellement au Burundi ». Malgré la destruction des médias indépendants à Bujumbura en mai 2015, Bob Rugurika reste persuadé que « nous sommes la principale source d’information pour les partenaires de Burundi et la population burundaise ».

Le directeur de la RPA rappelle que « selon une étude récente de l’IMAR effectuée peu avant la destruction des médias indépendants, notre radio avait une audience entre 1,5 et 2 millions d’auditeurs par jour. Preuve que le régime de Bujumbura n’a pas réussi à imposer un black-out complet sur l’information, nous savons qu’à peu près 500.000 personnes à travers le Burundi et les pays limitrophes écoutent les programmes que nous produisons depuis l’exil ». « C’est une grande satisfaction car cela démontre que, malgré toutes les difficultés techniques auxquelles nous sommes confrontées, nous sommes encore écoutés ». Aujourd’hui, RPA diffuse sur ondes courtes et les médias sociaux, les seuls moyens dont disposent les médias indépendants burundais pour contrecarrer les informations diffusées par la Radio-Télévision Nationale Burundaise (RTNB), ainsi que d’autres radios « autrefois indépendantes, comme Radio Isanganiro, mais qui aujourd’hui sont à la solde du régime », assure Rugurika.

Pour le directeur de la RPA, « il est grand temps que la Communauté internationale nous vienne vraiment en aide ». Pour des raisons différentes, « la vie des journalistes indépendants qui se trouvent en exil et de ceux qui sont restés au Burundi est très difficile. Les menaces sont toujours à l’ordre du jour ».

Propos recueillis par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs, en collaboration avec VITA/Afronline (Italie). 

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Durée: 
00:11:40

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