nov
16
2016

Cecile Kyenge: “La Communauté internationale ne peut pas abandonner les Centrafricains”

Bruxelles – Demain, le gouvernement de la RCA, accompagné de représentants de l’opposition et de la société civile seront à Bruxelles pour participer à la Conférence des donateurs sur la République centrafricaine. L’enjeu est majeur : classée parmi les pays les plus pauvres au monde, la RCA est embourbée dans un climat de conflit généralisé qui ne dit pas son nom. Depuis son élection en mars dernier, le Président Faustin-Archange Touadera doit faire face à de multiples défis, dont certains semblent insurmontables comme celui sécuritaire. Dans la capitale européenne, il tentera de convaincre les donateurs d’appuyer son plan national de développement et dégager des fonds jusqu’à 3 milliards d’euros dans les cinq prochaines années. A la veille de la conférence, l’eurodéputé du Groupe des Socialistes et Démocrates européens, Cecile Kyenge, s’est confiée à IGL pour lancer un appel à la Communauté internationale afin qu’elle n’abandonne les centrafricains.

Madame Kyenge, quels espoirs peut-on reposer sur cette conférence de haut niveau ?

La Conférence de Bruxelles est une occasion pour la Communauté internationale de démontrer sa volonté de rester aux côtés du peuple centrafricain et pour le gouvernement centrafricain de convaincre les donateurs du bien-fondé du Plan national pour le relèvement. Après l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, l’UE est plus que jamais appelé à jouer un rôle de premier plan en RCA car demain, ni Washington, ni Pékin et ni Moscou pourraient être autant sensibles que Bruxelles aux appels à l’aide des centrafricains.

Quelles peuvent-etre les attentes du président Touadéra ?

le Président Touadéra et les leaders centrafricains doivent prendre pleinement conscience que les donateurs ne sont plus disposés à décaisser des fonds sans obtenir de garanties en retour. Aujourd’hui, plus qu’hier, l’UE et ses Etats Membres doivent répondre aux mécontentements grandissants de citoyens européens confrontés à une crise économique et sociale qui peut sembler dérisoire aux yeux des centrafricains, mais qui met sous pression une aide européenne au développement dont chaque centime d’euro dépensé doit être plus que jamais justifié. Ceci dit, le Président Touadéra et les leaders centrafricains doivent prendre pleinement conscience que les donateurs ne sont plus disposés à décaisser des fonds sans obtenir de garanties en retour. Aujourd’hui, plus qu’hier, l’UE et ses Etats Membres doivent répondre aux mécontentements grandissants de citoyens européens confrontés à une crise économique et sociale qui peut sembler dérisoire aux yeux des centrafricains, mais qui met sous pression une aide européenne au développement dont chaque centime d’euro dépensé doit être plus que jamais justifié.

Quelles sont les actions que le Parlement européen, notamment le groupe S&D a mené sur le dossier centrafricain ?

le Groupe des députés Socialistes et des Démocrates européens auquel j’appartiens a fait du continent africain une priorité stratégique en matière d’affaires étrangères. En octobre 2015, nous avions convaincu l’ensemble des députés européens à voter une résolution exhortant, entre autre, les autorités de la RCA à se concentrer sur la lutte contre l'impunité et la restauration de l'état de droit ; aussi avons-nous inciter les sociétés diamantaires internationales à examiner de près l'origine des diamants afin d'éviter d'alimenter le conflit en achetant des diamants extraits et commercialisés illégalement ; et les entreprises européennes qui négocient avec les compagnies d'exploitation forestière de la RCA à respecter la réglementation européenne sur le bois. Ces actions politiques que nous menons de ce côté de l’Europe se conjuguent avec les fonds que les donateurs octroient à la RCA, et devraient donc permettre à ce pays de reprendre la voie de la normalité. Mais la condition pour que tout cela puisse durer est une purement locale. Si les citoyens et les autorités centrafricaines continuent à se haïr et à guerroyer les uns contre les autres, les souffrances du peuple continueront et ce sera une perte pour tous.