Bruxelles - « Le fait qu’Antoine Kaburahe n’ait pas été en prison est une bonne nouvelle en soi – le contraire aurait été par ailleurs intolérable -, mais son cas reste inquiétant, tout comme celui de bon nombre de journalistes qui doivent faire face à un climat très tendu au Burundi ». C’est ce qu’a déclaré à Infos Grands Lacs Clea Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières, quelques jours après la convocation du directeur d’Iwacu auprès du parquet Général suite à une convocation pour le dossier 697 relatif au coup d’Etat manqué du 13 mai dernier.

Dans cet entretien, Kahn-Sriber fait part de son étonnement quant au fait que Antoine Kaburahe ait été « convoqué et auditionné plus de six mois après les évènements de mai 2015. Est-ce qu’il ne s’agit pas là d’une tentative d’intimidation de la part des autorités burundais envers Iwacu? Je pense que oui », poursuit-elle, « surtout lorsque l’on sait la façon dont sont traités les journalistes qui travaillent pour des radios sur internet ».

Kahn-Sriber a par ailleurs exprimé son inquiétude sur le sort des journalistes burundais en exil. « Malheureusement leur nombre continue d’augmenter. Avec d’autres organisations de défense de la liberté d’expression et des droits de l’homme, nous essayons de les soutenir dans leur exil, notamment avec des appuis matériels ponctuels, mais ce n’est pas tenable sur le long terme. Beaucoup d’entre eux vivent dans des conditions très compliquées. L’unique solution qui s’impose est un retour au Burundi pour y exercer leur métier ». 

Autre sujet d'inquiétude: les messages diffusés par la radio nationale burundaise ou sur les médias sociaux incitant à la violence. « Nous savons que sur les médias pro-gouvernementaux les messages les plus violents ont été diffusés en kirundi et non sur les programmes en langue française. Ceci rend notre tâche particulièrement compliquée car nous n'avons pas les moyens de suivre de façon régulière les émissions kirundi. Par contre, nous invitons quiconque à nous signaler des discours de haine diffusés sur ces médias ».