juin
11
2015

L’Allemagne suspend son aide au gouvernement burundais, mais pas à la population

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Gerd Muller, Ministre Fédéral allemand de la coopération au développement. Photo: BMZ, Michael Gottschalk

Dans un communiqué diffusé hier, le Ministère Fédéral allemand pour la Coopération économique et le développement (a annoncé la suspension « de toutes les activités dans le cadre de sa coopération bilatérale au développement avec le Burundi et qui implique la coopération avec le gouvernement » burundais. Et jusqu’à nouvel ordre.

Cette décision est tout sauf une surprise. Dans un entretien exclusif concédé le 5 juin dernier à Infos Grands Lacs, le Secrétaire d’Etat allemand pour la coopération au développement, Thomas Silberhorn, avait évoqué « des conséquences » dans les relations entre Berlin et Bujumbura en rapport à la crise politique et sécuritaire qui est actuellement en cours au Burundi. « Nous ne pouvons plus travailler dans ce pays comme avant », avait déclaré Silberhorn, convaincu de la nécessité de « faire clairement comprendre aux leaders politiques burundais que nous allons réagir face à leurs agissements, mais sans mettre à risque la population burundaise  ».

C’est désormais chose faite. Et le gouvernement fédéral allemand n’y va pas par quatre chemins. En suspendant son aide, l’Allemagne a voulu réagir « aux récents évènements au Burundi qui ont été provoqués par le Président Nkurunziza à partir du moment où il annoncé sa participation aux élections pour briguer un troisième mandat ». Or, rappelle Berlin, « la Constitution du Burundi est basée sur les Accords de paix d’Arusha signés en 2000 », et ces accords « ne permettent pas à un Président d’effectuer un troisième mandat ».

«Le Burundi est sur le point de sombrer dans une spirale de violence car le gouvernement ne tient pas compte des principes démocratiques et ne met pas fin aux actes de tortures contre les opposants politiques », a déclaré le ministre fédéral de la coopération allemande, Gerd Müller. « Face à une telle situation, nous pensons que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre notre coopération avec le gouvernement. Cependant, nous n'abandonnerons pas les gens qui souffrent à leur sort. Nous ne voulons pas les punir à cause des agissements de leur gouvernement ». En conséquence, « nous continuerons à soutenir toutes les activités qui aident directement la population burundaise sur le terrain et qui répondent à leurs besoins ».