mai
07
2015

Lia Quartapelle: “Il n’y a aucune raison de soutenir le processus électoral burundais si les conditions ne sont pas réunies”

“Le processus électoral” au Burundi “doit être transparent, inclusif et libre. Il n’y a aucune raison de soutenir ce processus si ces conditions ne sont pas respectées et si les standards internationaux minimaux requis pour garantir les droits des citoyens burundais ne sont pas mis en oeuvre”. C’est ce qu’assure aux micros d’Infos Grands Lacs (IGL) Lia Quartapelle, député italienne du Parti démocrate de Matteo Renzi. Membre de la Commission Affaires étrangères au Parlement italien, Quartapelle est une personnalité politique reconnue en Italie pour son expertise sur le continent africain. Élue députée en 2013, elle a été pressentie pour remplacer Federica Mogherini en tant que ministre des Affaires étrangères, mais le choix s'est finalement porté sur Paolo Gentiloni.

Dans cet entretien accordé hier soir à IGL, Quartapelle soutient que “l’Italie doit profiter du fait qu’elle n’est pas un acteur majeur dans la région pour assumer une position claire, nette et exigeante au sein des instances internationales” sur la crise burundaise. Mais cet appel n’est pas uniquement réservé au gouvernement italien. “Aucune ombre, aucun doute ne doivent planer sur les intentions des grandes puissances [occidentales ]dans cette crise. “L’Union Africaine et les acteurs africains, y compris ceux de la région, doivent aussi s’engager fortement dans la résolution de cette crise” en laissant de coté “leurs intérêts personnels et s’impliquer en faveur des citoyens burundais”.

Interview réalisée (en italien) par Joshua Massarenti, en collaboration avec VITA/Afronline (Italie).

Lire ci-dessous la traduction intégrale en français. Le son est disponible au bas de l’article.

Comment jugez-vous l’action de la Communauté internationale dans la crise burundaise ?

Comme dans toutes les crises qui sévissent dans cette région, celle burundaise requière un fort engagement des acteurs régionaux et internationaux, en particulier ceux qui sont traditionnellement impliqués dans les Grands Lacs. D’un coté, les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne doivent assumer des positions très claires sur cette crise et pousser aussi bien le régime que l’opposition à respecter intégralement les Accords d’Arusha. Aucune ombre, aucun doute ne doivent planer sur les intentions des grandes puissances dans cette crise. Du leur côté, l’Union Africaine et les acteurs africains, y compris ceux de la région, doivent s’engager fortement dans la résolution de cette crise car leur rôle peut être déterminant. Mais pour ce faire, ils doivent faire l’impasse sur leurs intérêts personnels et s’impliquer en faveur des citoyens burundais. Il ne faut pas répéter les erreurs commises dans les crises régionales précédentes, notamment celle du Rwanda.

Pensez-vous que le gouvernement italien est suffisament impliqué dans le dossier burundais?

Le ministère des Affaires étrangères et le Parlement italiens suivent de près cette crise. La préoccupation, déjà grande, s’accroit de jour en jour, voire d’heure en heure. Le gouvernement italien n’est pas un acteur majeur dans la région, mais c’est justement pour cette raison qu’il doit faire entendre sa voix. L’Italie, rappelons-le, est un des pays fondateurs de l’Union Européenne qui essaye toujours d’etre présent dans l’arène internationale lorsque les questions africaines sont discutées. Dans le cas du Burundi, nous devons profiter de notre implication indirect dans cette région pour demander à tous les acteurs de respecter les Accords d’Arusha et d’assumer un comportement transparent sur cette crise, à commencer par les européens.

L’Italie fait partie des donateurs internationaux qui soutiennent le processus electoral à travers des fonds multilatéraux via l’UE et l’UA. La société société civile et l’opposition demandent à ce que ce processus soit transparent et inclusive. Quel choix Rome devrait assumer s ices conditions ne sont pas remplies?

Le processus electoral doit être transparent, inclusif et libre. Il n’y a aucune raison de soutenir ce processus si ces conditions ne sont pas respectées et si les standards internationaux minimaux requis pour garantir les droits des citoyens burundais ne sont pas mis en oeuvre. Sur ce point, l’Italie doit assumer une position claire, nette et exigeante au sein des instances internationales.

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