mai
01
2017

L'ONU alarmée par la situation en RDC au Burundi et au Soudan du Sud

Plusieurs gouvernements du monde entier réagissent à la violence en violant les normes internationales en matière de droits de l'homme, a dénoncé lundi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, lors d'une conférence de presse à Genève.

M. Zeid s'est dit préoccupé de ces tendances inquiétantes documentées dans différents pays, dénonçant en particulier l'utilisation excessive de l'état d'urgence, l'augmentation des exécutions extrajudiciaires et des arrestations arbitraires, le déni de la liberté d'expression et des ravages au sein de la société civile. Il s'est aussi inquiété des problèmes d'accès de ses équipes, notamment quand il s'est agi de faire la lumière sur la situation des musulmans Rohingya au Myanmar, la situation dans le sud-est de la Turquie, en Syrie et au Burundi.

Le Haut-Commissaire s'est dit profondément alarmé de la situation en République démocratique du Congo (RDC). Ses équipes continuent de suivre de près la situation sur le terrain en parlant aux victimes et aux témoins afin de documenter toutes les violations mais aussi pour faire pression sur la reddition des comptes face aux horribles informations faisant état d'atrocités dans ce pays.

Des centaines de personnes ont été tués et jusqu'à 40 fosses communes ont été découvertes dans la région des Kassaï. Une occasion pour le chef des droits de l'homme de l'ONU de plaider pour que justice soit rendue après les meurtres « affreux » de l'Américain Michael Sharp et de la Suédoise Zaida Catalan. « Nous appelons à des enquêtes indépendantes et à la justice, peu importe qui sont les auteurs et les instigateurs de ces meurtres », a-t-il dit.

Impunité au Soudan du Sud

Le chef des droits de l'homme s'est dit aussi très inquiet de la poursuite des violences dans de nombreuses régions du Soudan du Sud. Selon lui, cette situation volatile est le résultat de l'impunité. Il est temps pour la communauté internationale d'aller de l'avant pour concrétiser d'urgence le projet de tribunal hybride pour le Soudan du Sud.

Selon M. Zeid, ce sont les violations des droits de l'homme qui ont en partie entraîné des famines au Yémen et au Soudan du Sud. Les déficits en matière de droits de l'homme ont exacerbé l'impact de la sécheresse dans la Corne de l'Afrique et au nord du Nigéria.

Pour le Haut-Commissaire, « ce ne sont pas des famines causées par des catastrophes naturelles seulement mais elles sont en grande partie, sinon entièrement provoquées par l'homme. Elles se sont produites lorsque ceux qui sont au pouvoir ont donné la priorité à l'idéologie, à la politique et aux intérêts de certains groupes et cela pèse sur la sécurité alimentaire pour l'ensemble de la population ou quand ces responsables utilisent les vivres comme moyen de contrôler la population ou refusent l'accès aux organisations humanitaires ». A cet égard, il a rappelé qu'au Soudan du Sud, des travailleurs humanitaires qui sont attaqués continuent de payer un lourd tribut avec 14 travailleurs déjà tués cette année.

S'agissant de la Côte d'Ivoire, le Haut-Commissaire a noté des améliorations significatives et l'adoption de lois progressistes pour faire respecter les droits de l'homme mais il s'est dit préoccupé de la question de l'impunité notamment sur la reddition des comptes de certains anciens commandants des rebelles qui ont été accusés de graves abus.

L'incitation à la haine ne peut être tolérée lors d'évènements sportifs

Toujours en Afrique de l'Ouest, il s'est félicité du leadership de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et son rôle dans la transition pacifique de la Gambie. Même satisfecit pour le verdict prononcé à l'encontre de l'ancien Président du Tchad, Hissène Habré, pour crimes contre l'humanité, exécutions sommaires, torture et viol, par une cour spéciale au Sénégal.

Sur la Turquie, M. Zeid s'est dit également « très inquiet du renouvellement de l'état d'urgence » par un vote au parlement le 18 avril, affirmant que cette décision avait été prise « dans un climat de peur dans le pays ». Il a également condamné la révocation samedi de près de 4.000 fonctionnaires, dont un millier d'employés du ministère de la Justice et un millier d'autres dépendant de l'armée.

Sur le dossier de la lutte contre le racisme, il a évoqué l'incident de ce week-end en Italie qui a vu l'international ghanéen Sulley Muntari quitter le terrain suite à des cris racistes. Le Haut-Commissaire est également revenu sur une vidéo montrant l'attitude de supporteurs ukrainiens lors d'un match le 21 avril dernier Dynamo Kiev au Chakhtar Donetsk. « Ce que nous avons vu à un match de football en Ukraine, de la part des fans de « Dynamo » (Kiev) dans l'habillement du Ku Klux Klan et avec une croix gammée, sont très inquiétantes », a dénoncé Zeid Ra'ad Al Hussein. Il a souligné que de telles manifestations « exigent plus profond d'attention de la part de la FIFA » et que « l'incitation à la haine ne doit pas être tolérée lors d'événements sportifs majeurs ».

Enfin, s'agissant du populisme, le chef des droits de l'homme de l'ONU a indiqué qu'il allait suivre avec attentions les différents scrutins prévus cette année, notamment en France et en Allemagne. Il a jugé « encourageant » le regain d'énergie des mouvements antipopulistes dans plusieurs régions du monde.

Le Haut-Commissaire s'est enfin prononcé sur l'invitation du président américain à son homologue philippin Rodrigo Duterte à se rendre aux Etats-Unis, il a souhaité également que Washington fasse passer un message « clair » sur « le sentiment d'inquiétude » face à la situation aux Philippines. D'autant plus que les Etats-Unis ont indiqué récemment au Conseil de sécurité de l'ONU faire des droits de l'homme une priorité.

un.org

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