mai
11
2017

Pénurie du sucre : spéculation ou exportation?

Malgré son importation, le sucre se fait toujours rare. Il s’observe depuis quelques mois dans la capitale une pénurie du sucre. Pelate Niyonkuru, ministre du commerce, de l’industrie et du tourisme renvoie la responsabilité de ce manque aux commerçants.

«Pour appuyer la production de la SOSUMO (Société Scrière du Moso), le pays a fait recours à l’importation de 7 000 tonnes du sucre», a déclaré Pelate Niyonkuru, mardi 26 avril à l’Assemblée Nationale.

Le Ministre du Commerce explique qu’en moyenne la SOSUMO produit entre 20 000 et 24 000 tonnes du sucre par an depuis sa création en 1988. Pour la campagne 2016-2017, il y avait un écart de 3 000 tonnes entre l’offre de la SOSUMO et la demande intérieure. L’objectif premier de son Ministère, poursuit-elle, est de rendre ce produit disponible sur le marché.

Elle justifie cette pénurie du sucre par la spéculation de certains commerçants : «ces derniers rationnent le sucre et le vendent à un prix très élevé.» Et de les mettre en garde contre la spéculation: «La loi sera appliquée contre les commerçants spéculateurs.»

Mme Pelate rappelle aux commerçants que la marge bénéficiaire légale est 2 500 Fbu par sac de 50kg pour les grossistes et 3 000 Fbu pour les détaillants. Elle reconnait que son ministère ne peut pas à lui seul empêcher l’exportation du sucre. Et de recommander à tous les consommateurs de dénoncer tout cas de fraude.

Où est le sucre burundais?

«Nous pouvons même passer deux mois sans être approvisionné» témoigne Damien Manirakiza, employé à l’alimentation fidodido, vendredi 28 avril. Il indique qu’un kg du sucre se vend à 2 400 Fbu. Par manque du sucre, ajoute-t-il, nous perdons notre clientèle.

«Nous donnons du sucre à celui qui achète un autre article» affirme Anaclet Gahungu, travaillant à l’alimentation «internationale» située au siège de KCB Bank. Il indique qu’un kg du sucre se vend à 2 340 Fbu. Les clients interrogés sur place affirment qu’un kg s’achète plutôt à 2 600 Fbu. Il ajoute qu’en principe l’alimentation reçoit une tonne du sucre par mois. Et des fois, poursuit-il, trois mois peuvent se passer sans être approvisionné.

«Nous vendons un kg du sucre à 3 200 Fbu» affirme Jean Claude Gahungu, boutiquier au quartier Carama. Il explique ce prix par le coût de revient qui s’élève à 150 000 Fbu par sac de 50 kg. Et des fois, poursuit–il, nos clients nous traitent de voleurs.

«Le sucre, c’est pour les enfants», témoigne Janvière Nahimana, une dame rencontrée devant l’alimentation du midi située sur la chaussée Prince Louis Rwagasore, ce mardi 02 mai. Elle déplore l’accueil réservé aux clients du sucre: « ca fait plus de 45 minutes que je suis ici et je rentre bredouille.» Et de recommander au gérant de cette alimentation de servir tous les clients.

«Nous sommes fatigués» se plaint Mathieu Kwizera, un homme rencontré à l’alimentation «Au bon prix» située sur le bouvard du 28 Novembre ce mardi 02 mai. Il nous donne des rendez- vous : «c’est la cinquième fois que me présente et rentre sans le moindre gramme du sucre.» A défaut du sucre, poursuit-il, nous utilisons du miel. Une caissière de cette alimentation précise que l’on sert du sucre entre 10 heures et 11 heures du lundi à vendredi: «lorsque la quantité mise en sachet s’épuise, les clients non servis doivent attendre le lendemain».

iwacu-burundi.org

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