mai
14
2018

Périodes électorales : quel comportement doit adopter un journaliste ?

La célébration de la journée internationale dédiée à la liberté de la presse est survenue alors que l’arène politique se chauffe à l’approche du référendum constitutionnel du 17 mai 2018. Quel doit être le comportement du journaliste dans ces moments cruciaux de la vie du pays ? Comment éviter d’exacerber les tensions déjà vives ?  Que faire pour préserver la sécurité des journalistes ? C’est sur fond de ces interrogations qu’un débat riche et instructif a été organisé à la Maison de la presse du Burundi. Burundi Eco revient sur les moments forts de ce débat.

C’est le ministre de la Communication et des Médias, Ir Serges Ndayiragije qui a donné le ton.  « Cette journée survient à une semaine de la séance de moralisation et de l’atelier en faveur des professionnels des médias et des porte-paroles des institutions publiques tenue du 26 au 27 avril  à Muramvya, mais aussi à un moment singulier de l’histoire du pays et principalement le référendum constitutionnel où le peuple Burundais sera appelé à se prononcer sur la constitution révisée.  C’est pour cela que c’est une période qui appelle les médias Burundais à user de leur professionnalisme », a tenu  à rappeler Ir Ndayiragije.

Le journaliste doit redoubler de vigilance

Les périodes électorales sont des moments où les esprits se chauffent. Le journaliste doit éviter autant que faire se peut de prendre position pour l’une ou l’autre partie en compétition, a indiqué Jacques Bukuru, rédacteur en chef à la Radio Nationale. Quand bien même un journaliste a le droit de militer dans un parti politique, il ne doit en aucun cas laisser son appartenance ou sa sensibilité politique prendre le pas sur son professionnalisme quand il fait son travail. Il doit en outre traiter les concurrents au même pied d’égalité. Il faut éviter d’être influencé d’une manière ou d’une  autre.

Certains écueils à éviter

Il y a des journalistes qui ont emprunté la voie de la facilité pendant ces périodes dans le passé. Certains se sont laissés embarquer dans les jeeps des partis politiques pour se transporter sur le terrain. Il y en d’autres qui ont compromis sérieusement leur crédibilité professionnelle en portant, au propre comme au figuré, la casquette des partis politiques alors qu’ils étaient censés être l’œil et l’oreille du peuple. M. Bukuru conseille de ne pas faire les mêmes erreurs.  Il rappelle que la première protection du journaliste dans ces périodes cruciales est son professionnalisme.

La sécurité du journaliste, l’autre préoccupation

Un bon journaliste est un journaliste vivant. Ça ne sert à rien de prendre des risques inconsidérés sous prétexte de  vouloir faire à tout prix son devoir. A ce propos, un intervenant a rappelé que 4 journalistes Burundais sont morts dans l’exercice de leur fonction. Il s’agit d’Alexis Bandyatuyaga de la RTNB, de Pamphile Simbizi du Studio Ijambo, de Christophe Nkezabahizi de la RTNB et de Jean Bigirimana du journal Iwacu. La sécurité physique du journaliste doit primer sur toute autre considération. Il faut savoir esquiver les problèmes. A ce sujet, le président du Conseil National de la Communication (CNC) Ramadhan Karenga donne quelques précieux conseils aux journalistes qui seront déployés sur terrain.

En cas de problèmes, appeler directement le CNC

L’article 11 de la loi sur la presse du 9 mai 2015 stipule que le journaliste a droit, sur le territoire du Burundi, à la sécurité de sa personne et de son matériel. M. Karenga fait savoir que le CNC a procédé à l’enregistrement de tous les journalistes. Actuellement, un registre national des médias existe.  Très bientôt cet organe délivrera la carte de presse aux journalistes. Par ailleurs, il rappelle que le CNC n’est pas la police des journalistes. Il est plutôt là pour leur faciliter le travail. A ce titre, il demande à tout journaliste qui aura des problèmes d’appeler directement le CNC. Il incite en outre les  journalistes à parler de leur métier. Il y a des administratifs qui ne collaborent pas avec les médias parce qu’ils ne savent pas que c’est un devoir et que c’est dans leur intérêt.

Se mettre en rapport avec les autorités locales

Le président du CNC conseille aux journalistes déployés sur terrain d’informer les autorités locales de leur présence. Mais cela ne plait pas à tous les professionnels des médias qui estiment qu’ils ont le droit d’aller où ils veulent sans avertir préalablement  les autorités locales. En effet, la loi régissant la presse au Burundi indique dans son article 2 que la presse est libre. Pour autant, avoir le numéro de téléphone de l’administrateur communal ou celui du chef de poste de police de l’endroit est un atout quand on a un problème, renchérit pourtant un intervenant. En cas de pépin, il faut les appeler. Avec une bonne communication, on peut éviter certains malentendus.

Etre en bonne forme physique

M. Bukuru a indiqué qu’on peut se trouver dans une situation où on est obligé de fuir devant un danger immédiat. Dans ces moments, mieux vaut avoir de bonnes jambes. Comment fuir quand on ne peut pas courir sur une distance de 100 m ? Pour émettre, parfois on est aussi amener à grimper des montagnes ou des arbres pour avoir du réseau téléphonique. Pour ces raisons, il demande aux journalistes de faire un peu de sport. Dans certains cas, on sera obligé de passer toute une nuit à travailler. D’où la nécessité d’être en bonne santé et de rester sobre pour ceux qui aiment boire, fait savoir M. Bukuru

La loi, ultime recours pour le journaliste

Le dernier rempart du journaliste est la loi. Respectez-là, recommande le président du CNC. Le journaliste doit toujours avoir à l’esprit la loi sur la presse quand  il traite l’information. Référez-vous toujours aux règles d’éthique et de déontologie quand vous travaillez. C’est votre meilleure protection, suggère M. Karenga aux journalistes. Sur ce point, il est rejoint par Nestor Nkurunziza, un journaliste chevronné. Selon ce dernier, il y a des problèmes qui arrivent au journaliste indépendamment de sa volonté, mais il y en a d’autres qu’il peut s’attirer. Selon lui,  le meilleur moyen pour un journaliste de s’attirer des ennuis est de mélanger l’exercice de la profession avec ses convictions politiques. Et de conseiller aux journalistes de rester humbles et polis  et surtout de ne pas pousser l’interlocuteur dans ses derniers retranchements. Ce n’est pas en se livrant à un bras de fer qu’on a une bonne information.

burundi-eco.com

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