Exclusif. Cécile Kyenge: "La candidature de Nkuruziza va à l'encontre des principes de l'Accord d'Arusha"
“La candidature du Président Nkurunziza aux élections présidentielles ne surprend personne. Mais en s’imposant en force pour un troisième mandat, le Président du Burundi va à l’encontre des principes de l’Accord d’Arusha signé en 2000, qui limite la fonction présidentielle à deux mandats. En faisant cela, il mine le consensus d’Arusha qui est à la base de la paix dans ce pays”. C’est ce que vient de déclarer aux micros d’IGL la député européenne Cécile Kyenge, quelques heures après l’élection du Président sortant au cours du Congrès extraordinaire du CNDD-FDD comme candidat du parti au pouvoir pour les prochaines élections présidentielles burundaises prévues en juin prochain.
Dans cette interview exclusive concédée à Infos Grands Lacs, l’eurodéputé du Groupe des Socialistes et Démocrates européen soutient qu’en acceptant cette nomination, “le president Nkurunziza fait fi de toutes les préoccupations qu’a suscité ce scenario lors des derniers mois. De l’Eglise catholique burundaise à l’opposition, en passant par la société civile et l’ensemble de la Communauté internationale, y compris les pays de la sous-région, tout le monde s’accordait à dire que cette candidature était un mauvais choix. Aujourd’hui ce mauvais choix est confirmé”. À l’annonce de la manifestation que l’opposition et la société civile comptent organiser demain à Bujumbura, Kyenge demande à ce que “le Président Nkuruniza et le régime burundais garantissent la liberté d’expression des citoyens du Burundi. Il est tout aussi important que la manifestation de demain se déroule pacifiquement. La Communauté internationale aura les yeux rivés sur le Burundi, et tout le monde doit donner l’exemple. Aussi bien les manifestants que les forces de l’ordre, dont le rôle est d’assurer la protection de ses citoyens”.
La co-présidente de l’Assemblée Parlementaire Paritaire UE-ACP rappelle enfin que le Parlement européen se réunira en session plénière la semaine prochaine. “Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais la candidature du Président Nkurunziza pose un sérieux problème. En fonction de l’évolution de la situation, je me confronterai avec mes collègues du Parlement pour discuter des positions à prendre sur le Burundi. Nous avons la possibilité de présenter et d’adopter une motion en urgence, si la situation l’exige”.
Entretien réalisé en collaboration avec VITA/Afronline