Burundi: La crise politico-sécuritaire paralyse l'enseignement
Dans les provinces de Bururi et Rumonge, un seul établissement secondaire à régime d'internat fonctionne encore sur 11 écoles de cette partie du Burundi. Celles-ci ont fermé une après l'autre à partir du lundi 27 avril 2015, au lendemain du début des manifestations contre le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. La dernière école à avoir fermé son internat a été le Lycée Rumonge, lundi 18 mai 2015.
Les internes rentrent, les uns, pour rejoindre leurs familles déjà à l'extérieur du pays ; d'autres se sentent en insécurité après le renvoi des étudiants des campus universitaires. Il y a ceux qui estiment que leur avenir est incertain au regard de la situation politico-sécuritaire qui prévaut au Burundi au moment où d'autres sont partis après l'annonce d'une probable attaque des shebabs.
Alors que certaines salles de cours sont vides dans les écoles à internat (photo de la classe de 1ère Lettres Modernes du lycée Rumonge de ce mercredi 20 mai 2015), les cours sont en train d'être dispensés au lycée communal Cabara dans la même commune de Rumonge (photo de la 1ère Lettres Modernes le même jour). Dans ce dernier cas, le délégué de classe dit qu'ils sont présents physiquement mais leurs esprits ailleurs. « Les résultats, lors des travaux cotés, sont médiocres », se lamente son camarade qui ajoute que l'environnement politico-sécuritaire n'est pas de nature à favoriser l'étude.
Les lycées et collèges communaux qui fonctionnaient encore étaient régulièrement attaqués par les manifestants et certains ont même été obligés de fermer leurs portes ainsi que les écoles primaires proches. Tel est le cas notamment dans les communes de Mugamba, Matana, Songa, Bururi,…
Quel avenir pour ces élèves qui doivent pourtant passer les mêmes examens notamment ceux des 10èmes et des 1ères ?
Incertain, répond Emile Hicintuka un parent qui considère que le gouvernement burundais devrait au préalable rétablir la paix et la sécurité, conditions indispensables au bon déroulement des enseignements.
Pour Rémy Ndayikengurukiye directeur provincial de l'enseignement de Bururi, les élèves devraient plutôt regagner leurs écoles respectives pour parachever les programmes car, selon lui, le calendrier scolaire ne sera pas modifié.
De son côté, Adrien Sabushimike directeur provincial de l'enseignement de Rumonge, indique que le prolongement ou non du calendrier scolaire n'est pas de sa compétence.
Judith Ndayizeye, psychopédagogue de formation, estime que les conditions actuelles défavorisent l'apprenant et l'enseignant. Pour ce professeur d'université, l'élève qui côtoie ceux qui ont fui soit les universités soit les écoles secondaires, est démotivé. Il en est de même pour l'enseignant qui travaille sans savoir si l'année scolaire va se terminer, se basant sur les informations recueillies ici et là. « Ayant un ami ou une parenté à Bujumbura, il est donc difficile de se passer de ce qui s'y passe, même si ta zone est encore stable, avec comme conséquence inévitable de mauvais résultats ou une mauvaise prestation.» Elle appelle le gouvernement burundais à renormaliser la situation pour un enseignement de qualité accessible à tous.
Rappelons que certains écoliers n'ont pas fait le concours national suite à ces tensions politiques. Pour d'autres, les copies ont été perdues sur le chemin de retour. On ignore jusqu'à présent le sort leur réservé.
Jean Pierre MISAGO, pour Infos Grands Lacs