mar
08
2016

Les détenus épargnent l’argent gagné dans des travaux d’autofinancement de la prison

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CIP Hilaire Sengabo, Porte-parole de RCS (Rwanda Correctional Service- Service pénitencier rwandais) / IGIHE

D’une population carcérale de plus de 120.000 dans les années 1997 à quelques 53.000 locataires actuellement, un grand pas a été franchi dans le désengorgement des prisons rwandaises. Du coup, les conditions d’hygiène se sont améliorées dans les prisons mais aussi des droits des prisonniers garantis. En effet, au cours de leur séjour en prison, les prisonniers ont des comptes-carnets et peuvent épargner l’argent gagné dans des travaux d’autofinancement de la prison avant de l’envoyer dans leurs familles ou de le récupérer à la fin du service de sa peine.

C’est ce que CIP Hilaire Sengabo, Porte-parole de RCS (Rwanda Correctional Service), rapporte au micro d’IGIHE. Il insiste aussi sur le travail abattu par les juridictions Gacaca qui ont pu aider, par leur sensibilisation à la population carcérale plus que nombreuse qui s’est pliée au programme d’aveux et de plaidoirie de culpabilité pour écoper des peines de TIG (Travaux d’intérêt général). 

CIP Hilaire Sengabo : Actuellement, ils sont nombreux les prisonniers jugés par les Tribunaux Gacaca qui ont clos leurs travaux et qui ont plaidé coupable et donné beaucoup d’informations utiles à l’éclatement de la vérité. La plupart d’entre eux si pas tous ont préféré passer une partie de leur peine en prison et une autre aux TIG. Nombre d’entre eux sont depuis lors rentrés dans leurs familles ayant terminé leurs peines.

IGIHE : Combien de Tigistes gérez-vous actuellement ?

CIP Sengabo : Nous avons actuellement 749 hommes et 68 femmes qui servent la peine de TIG dans des sites de presque tous les districts du pays. Il fut un temps où ils étaient plus de 28.000 prisonniers Tigistes.

Ils ont terminé leurs peines et sont rentrés dans leurs foyers.

IGIHE : Comment administrez-vous cette peine ?

CIP Sengabo : Nous avons des sites de Travaux d’Intérêt Général pour les prisonniers reconnus coupables et qui ont demandé pardon pour les crimes de génocide. La loi actuelle accepte des condamnés de droit commun purgeant moins de 5 ans de peine à faire ces TIG.

Ici les Tigistes sont soumis au régime de travail comme celui du Code du Travail avec des samedi et dimanche chômés, des journées fériées, des repos...

Pour les femmes tigistes qui tombent enceintes, elles ont le droit de congé de maternité. Elles rentrent chez elles pour jusqu’à 3 ans de congé y compris du temps pour bien élever leurs nourrissons et revenir purger le reste de leur peine.

Pour des Condamnés malades ou brandissant une autre raison valable, il leur est appliqué la formule de TIG de proximité. Ils purgent leurs peines tout en rentrant dans leurs familles.

IGIHE : Des condamnés qui participent à des travaux d’autofinancement rémunérés de la prison, ont-ils droit à en bénéficier ?

Sengabo : Nous avons des condamnés diplômés dans les secteurs de construction, d’agronomie, des experts dans les métiers divers. Ces derniers ne sont pas des Tigistes. Ils participent aux travaux d’autofinancement de leur prison. Ils bénéficient automatiquement de 10% de la valeur de leurs travaux déduits des apports que la direction de la prison aura dépensés.

Pour cela, ils ont leurs carnets où sont inscrites les sommes qu’ils auront gagnées. Un registre de la Direction de la prison est tenu et rempli à cet effet montrant que tel condamné a gagné autant. Le prisonnier peut ordonner à la direction de transférer son argent à sa famille ou pour une consommation supplémentaire interne.

IGIHE : Les Centres de détentions ont-ils beaucoup de travaux d’autofinancement ?

Sengabo : Absolument. Ils sont sollicités pour construire des habitations des particuliers, des ponts et chaussées, la culture de riz.

Attends, les prisons de Huye et de Rwamagana sont particulières actives dans l’autofinancement. Celle de Rwamagana utilise ses ingénieurs agronomes en génie rural pour ses vastes champs de riz et de maïs.

Celle de Huye a monté une usine de savons vendus sur le marché public. On comprend que la main d’œuvre est essentiellement carcérale. Les carnets de ces prisonniers sont bien garnis.

Et au delà du gain, cette façon d’occuper les prisonniers rentre dans le cadre d’un politique de redressement des condamnés.

IGIHE : Avez-vous d’autres stratégies d’autofinancement des centres pénitenciers ?

CIP Sengabo : Oui Nous avons monté une société à but lucratif dit Muhabura MultiChoice Company Ltd. Cette société prendra en charge tous les projets et activités d’autofinancement des prisons avec possibilités de compétition dans les marchés publics.

Avec ceci, les conditions de vie de la population carcérale s’amélioreront davantage.

Jovin Ndayishimiye

IGIHE Ltd 

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