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20
2017

La place du Cnared dans le dialogue, la limitation des mandats, le candidat pour 2020, etc. Le Secrétaire général du parti au pouvoir s’est exprimé sur plusieurs questions de l’heure.

Quelle est votre lecture du dialogue externe mené par la facilitation ?

Le dialogue externe avait pour objectif de rapatrier tous les Burundais en exil à cause de la peur. Des gens avaient traumatisé la population. Ceux qui étaient faibles se sont sentis obligés de partir. Il fallait ramener la confiance et faire en sorte que tous ceux qui sont à l’extérieur rentrent.

Certaines voix réclament que des personnes comme Niyombare, Sinduhije et Pacifique Nininahazwe soient associées au dialogue intérieur. Vous y êtes favorable?

Comment voulez-vous que celui qui est recherché par la justice soit libre de décider sur la stabilité du pays alors qu’il en est lui-même le déstabilisateur ? Je pense que c’est compréhensif que des gens qui sont recherchés par la justice ne participent pas dans ce dialogue. Il faudrait plutôt qu’ils viennent devant les barreaux pour se défendre. S’ils s’en sortent, là d’accord. S’ils écopent d’une peine qu’ils la purgent et sortent de prison à la fin.

Ne faudrait-il pas plutôt accorder l’immunité à ceux qui sont poursuivis par la justice pour leur permettre de rentrer ?

C’est une poignée de gens qui veut manipuler l’opinion, il ne faut pas que ces personnes nous distraient. Je conseillerais au peuple burundais de ne pas se laisser distraire. Il n’y a pas à donner l’immunité. Veut-on faire une autre Commission vérité et réconciliation pour le putsch ? Va-t-on superposer deux Cvr ? Ce n’est pas logique.

La nouvelle présidence du Cnared a évoqué l’éventualité d’un gouvernement de transition sans Pierre Nkurunziza. Votre réaction ?

Ils sont à l’extérieur et racontent tout ce qu’ils veulent. Ils se sont trouvé une occupation : raconter n’importe quoi quand on n’a rien à dire. La réalité est tout autre. Le Cnared est une organisation des putschistes venue pour les couvrir. Ce sont des gens qui ont à l’esprit l’idée de renverser les institutions. Ce n’est donc pas étonnant de les entendre parler de la sorte.



Et un gouvernement de transition, pour ou contre ?

C’est impossible de changer un gouvernement qui a été démocratiquement élu par le peuple. Les élections ont eu lieu, les institutions qui en sont issues sont en place. Ceux qui veulent prétendre diriger le pays doivent attendre les élections de 2020 pour se présenter.

Des demandes de sanctions contre le Burundi sont émises pendant que Bujumbura vante l’accalmie

Il y a des gens qui souhaiteraient que le Burundi soit comme la Somalie, qu’il devienne comme la Libye. C’est totalement impossible car le Burundi n’est pas divisé. C’est un seul peuple qui s’est réconcilié. Et ils ne sont pas contents. C’est pour cela que vous entendrez parler de préparation du génocide pendant que le gouvernement fournit des efforts pour stabiliser le pays. C’est une façon de ternir l’image du Burundi face à la communauté internationale.

La position du CNDD FDD par rapport à l’amendement de la Constitution pour exclure notamment la limitation des mandats ?

Jusqu’à présent ce ne sont que des débats, chacun s’exprime librement. Moi aussi j’ai mes idées. Néanmoins on n’a pas encore fait de réunion au sein du parti pour statuer sur la position du Cndd-Fdd par rapport aux dispositions de la Constitution. Ce qui est essentiel, c’est de mettre en place la commission qui sera chargée de cette révision. C’est elle qui sera chargée de réunir toutes ces idées afin de pouvoir dégager ce qui est juste et bon pour notre pays.

Mais les marches manifestations régulières parlent de Nkurunziza comme président en 2020

Le peuple a droit de s’exprimer. Dans un régime démocratique, les aspirations du peuple priment. Toutefois, pour connaître la véritable position du peuple, il faut plus que ça. Il doit y avoir un référendum et un comptage des voix. Or, pour le moment, les gens s’expriment mais il n’y a pas de décisions prises. Il faut attendre.

Pourquoi toujours Nkurunziza ? N’y a-t-il personne au sein du Cndd-Fdd capable de lui succéder ?

J’imagine que ceux qui pensent comme cela sont ceux qui ont peur de la popularité de Nkurunziza. Le parti n’a pas encore présenté son candidat. Sinon ce ne sont pas des candidats qui manquent au sein du Cndd-Fdd. En fin de compte c’est le congrès qui va décider, le moment venu. Jusqu’à aujourd’hui, on ne connaît pas le candidat pour 2020.



Y-a-t-il des candidats qui ont l’ambition de succéder à Pierre Nkurunziza ?

Quand on est vraiment engagé en politique, on peut facilement prétendre gouverner un pays. On n’a pas besoin de se préparer, on est prêt. Je considère comme candidat tout membre compétent et actif au sein du Cndd-Fdd. Et il y en a plusieurs.

Vous aussi par exemple ?

Au sein du Cndd-Fdd, je sais qu’il y a plusieurs personnes capables d’être candidats, cela dépendra de la décision du congrès. En fait, le candidat sera celui qui va sortir du lot des égaux (rire).



Vous avez organisé une tournée avec les diplomates, une opération séduction qui a réussi?

On a voulu prendre un temps pour discuter avec la Communauté internationale basée ici. C’était aussi créer un cadre d’échanges animés. Nous nous sommes réjouis de la présence de tous les diplomates. Ils ont eu le temps de contempler notre pays. Je pense que pour représenter le pays, il faut aussi le connaître. On n’a pas voulu en faire une publicité et l’essentiel était de créer cette belle occasion discrète.

Le Burundi a franchi la barre des 400 milles refugiés, selon le HCR. Que fait le parti au pouvoir pour les ramener?

Je pense que tous ces chiffres sont émis dans le but de manipuler la Communauté internationale. Il ne faut pas non plus perdre de vue le fait que ce sont des fonctionnaires du HCR qui ont besoin de job. Imaginez-vous un monde sans refugiés. Qu’adviendra-t-il de ces fonctionnaires ? (rires). Sérieusement, ce qui est essentiel pour mon parti, c’est que tous les enfants de la nation rentrent pour développer de notre pays. Nous sommes contents que certains soient rentrés et encourageons les autres à faire de même.



Devant la porte de votre bureau, il y a une affiche et on peut lire « 2017, luttons contre la pauvreté ». Votre cheval de bataille? Que faites-vous pour y arriver?

Le jour où j’ai été élu Secrétaire général, j’ai dit que notre seul ennemi, c’est la pauvreté. Je suis en train mobiliser la population, réveiller les esprits pour que les gens prennent conscience afin de travailler durement. Même s’ils ne travaillaient que 12h par jour, cela ferait l’affaire. Cette année est consacrée à la mobilisation comme première phase. Une sorte de fondation qui sera suivi l’année prochaine par une étude sur le développement globale. Et j’ai confiance dans le peuple burundais.

source: http://www.iwacu-burundi.org

 

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