Le gouvernement congolais est responsable du massacre des 70 personnes à Kilwa, selon la CADH de l’UA
Le Gouvernement de la République démocratique du Congo est responsable du massacre de plus de 70 personnes à Kilwa(Haut-Katnga), dans le sud-est du pays en 2004, affirme ce vendredi 4 août dans un rapport, la Commission africaine des droits de l'homme et des Peuples(CADH).
Cette commission établit cette responsabilité exige aussi « qu’une indemnité historique de 2,5 millions de dollars américains soit versée aux victimes et leurs familles ».
Dans ce rapport, la commission réprimande aussi la société minière Anvil Mining, qui a exploité une mine de cuivre et d'argent à Dikulushi, à 50 kilomètres de Kilwa. Cette dernière est inculpée pour « son rôle dans les violations, qui a consisté à fournir un soutien logistique aux soldats qui ont bombardé sans discernement des civils, exécuté sommairement au moins 28 personnes et éliminé beaucoup d'autres après la tentative d'un petit groupe de rebelles légèrement armés de prendre le contrôle de la ville ».
La commission exhorte le Gouvernement congolais à lancer une nouvelle enquête criminelle et prendre toutes les mesures diligentes à l’effet de la poursuite et de la sanction des « agents de l'Etat et le personnel de la société Anvil Mining impliqués dans les violations constatées».
Satisfaction des ONG
La plainte pour le compte des victimes a été déposée en novembre 2010 à la Commission africaine par des ONG Rights and accountability in development(RAID), Action contre l’Impunité pour les droits humains(ACIDH) et Institute for human rights and development in Africa(IHRDA) basés respectivement au Royaume-Uni, en RDC et à Banjul, en Gambie.
« La décision de la commission est une victoire extraordinaire pour les victimes de Kilwa qui ont longtemps demandé que justice soit faite pour ce qu'elles ont enduré à cause des soldats du Gouvernement et du personnel d'Anvil Mining complice de l'armée », a déclaré Anneke Van Woudenberg, directrice exécutive de RAID.
Cette décision de la Commission constate la « violation par le Gouvernement congolais de neuf dispositions de la Charte Africaine, y compris les exécutions extrajudiciaires, la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions et les déplacements forcés entre autres ».
La Commission africaine demande au Gouvernement congolais de présenter officiellement des excuses aux habitants de Kilwa, exhumer et ré inhumer avec dignité les corps ensevelis dans une fosse commune, construire un mémorial, fournir une assistance pyscho-sociale aux personnes touchées par le traumatisme, reconstruire l’école, l’hôpital et les autres infrastructures détruites lors de l'attaque.
Longue procédure
Anvil Mining a commencé à exploiter la mine de Dikulushi en 2002. Elle a évacué plusieurs membres de son personnel de la mine suite au soulèvement mineur à Kilwa et fourni un avion et des véhicules pour transporter environ 150 soldats à Kilwa.
Selon les ONGS de droits de l’Homme, au moins 73 civils avaient été tués en octobre 2004 à Kilwa, dont une vingtaine sommairement exécutés. Neuf soldats FARDC et 3 employés expatriés de la société australo-canadienne Anvil Mining avaient été accusés de crimes de guerre et de complicité de crime de guerre dans cette affaire.
Au terme d’un 1er procès de 6 mois, la cour militaire du Katanga a abandonné les charges de « crimes de guerre ». Le 28 juin 2007, cette cour a condamné deux militaires congolais à la prison à vie pour meurtre et a acquitté la plupart des autres accusés.