Trafic humain : « Nos jeunes doivent être protégés »
La Fenadeb demande au gouvernement de signer une convention de coopération bilatérale avec les pays du Golfe. A l’occasion de la journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains.
«Nous ne sommes pas contre à ce que les Burundais aillent dans les pays du golfe. Toutefois, il faut qu’ils soient protégés», relève Jacques Nshimirimana, président de la Fenadeb (Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi). C’est pourquoi, poursuit-il, le gouvernement burundais doit signer une convention de coopération bilatérale avec ces pays afin que ces jeunes partent dans le respect des lois nationales et internationales. «Cela permettra à ces jeunes burundais d’être traités comme des êtres humains et non comme des bêtes de somme. Cette convention est nécessaire, car elle permettra de clarifier les conditions de départ de ces jeunes et comment les protéger en cas de problème.»
Et de donner l’exemple du Koweït. Selon lui, lorsqu’un ressortissant d’un pays qui a signé cette convention a un problème avec son employeur, le Koweït se charge de le rapatrier. «Les Burundais ne bénéficient pas de cette faveur car il n’y a aucune convention. Aujourd’hui, des Burundais, qui sont incarcérés dans ce pays, ne savent plus comment rentrer.» D’après le président de la Fenadeb, ceux qui ont pu sortir de prison ont bénéficié de l’aide des associations des droits de l’homme pour revenir au pays.
Des progrès encourageants mais…
Bernard Ntahiraja, assistant du ministre des Relations Extérieures et de la Coopération, tranquillise : «Nous sommes au travail. Nous sommes toujours prêts à faire tout ce qui est bénéfique pour le Burundi et les Burundais.» Et de rappeler que le Burundi possède des ambassades et des consulats dans certaines capitales du Golfe persique, comme Riyad, Oman et Téhéran.
Jacques Nshimirimana se félicite de la diminution de ce trafic «grâce à la mobilisation du gouvernement, de la police et de la société.» Toutefois, il fait remarquer que les passeurs ont changé de stratégie : « Ceux qui veulent partir font semblant d’aller visiter leurs familles au Congo, au Rwanda ou en Tanzanie et les passeurs les embarquent à partir de ces pays.» Le gouvernement devrait ainsi redoubler d’efforts afin d’arrêter et de traduire ces trafiquants devant la justice.
Cet activiste des droits des enfants exhorte également le gouvernement à mettre sur pied la Commission de concertation et de suivi sur la prévention et la répression de la traite des personnes prévue dans la loi du 29 octobre 2014 portant prévention et répression de la traite des personnes et protection des victimes de la traite.
«Parmi ses responsabilités, l’Etat doit tout faire pour que les victimes de la traite reviennent au pays. Sans cette commission pour pousser le gouvernement, c’est un problème sérieux.» Elianson Bigirimana, porte-parole du ministère de la Justice, fait savoir que cette commission sera mise sur pied sans donner une échéance.
iwacu-burundi.org