aoû
22
2017

Prière de Bwoga : l’Etat perd plus de 80 millions de Fbu

L’Olucome qualifie la prière de Bwoga organisée par le parti au pouvoir d’illégale. Pour certains partis d’opposition, ces cérémonies sont organisées aux frais de l’Etat et paralysent le pays. Pour d’autres, «c’est plutôt une activité à encourager».

A Bwoga en province de Gitega, la prière interconfessionnelle de trois jours pilotée par le Cndd-Fdd a commencé ce mercredi le 16 août. Les membres du Parlement, du Gouvernement, les hauts cadres du pays, d’éminentes personnalités religieuses et certains fonctionnaires de l’Etat ont pris part à cette grand-messe.

Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, crie au scandale et soutient que le pays perd énormément. Il avance un chiffre de plus de 80 millions de Fbu. «C’est sans compter un manque à gagner, du temps perdu par les participants pendant trois jours »

Selon lui, c’est paradoxal d’organiser de telles festivités au moment où la population croupit dans la misère. «Le Burundi se classe parmi les trois pays les plus pauvres au monde et les Burundais survivent avec un maigre revenu de 284$ par habitant par an.»

D’après lui, ces activités se déroulent pendant les heures de service. Le président de l’Olucome déplore que le parti au pouvoir mobilise la plupart des fonctionnaires. Ils s’absentent au travail et participent à ces prières. En plus de cela, des moyens financiers et matériels sont mobilisés.

Selon lui, les déplacements et les séjours des membres du Parlement, du Gouvernement et les hauts cadres sont à la charge de l’Etat. Les frais de mission et le carburant sont distribués. Il indique que plus de cent véhicules de l’État seraient déployés, des dignitaires, leurs gardes, leurs chauffeurs, le carburant, des frais de mission pour chacun, etc.

Pour Gabriel Rufyiri, ces dépenses et le temps perdu sont des formes de malversations économiques et financières car cette activité n’est mentionnée nulle part dans la loi burundaise. Il trouve que ce genre de cérémonies pourrait se dérouler le week-end sans gaspiller les fonds et le temps.

«La vie du pays est complètement arrêtée»

Selon Phénias Nigaba, porte-parole du Frodebu, cette prière est une propagande déguisée du parti au pouvoir. Et cette activité est illégale : «La loi sur les partis politiques est claire. Un parti politique n’est pas une confession religieuse.»

D’après lui, cette activité revient aux confessions religieuses et non aux partis politiques. Il ajoute que les frais utilisés dans cette prière sont des impôts et des taxes de la population. Selon lui, les membres du Cndd-Fdd n’ont pas donné des contributions pour organiser cette prière.

Par le fait que tous les gouverneurs et les administrateurs communaux participent à ces festivités, la population se retrouve privée de certains services : «La vie du pays est complètement arrêtée.»

Le porte-parole du Frodebu affirme que le parti au pouvoir se sert des prières d’action de grâce pour jeter de la poudre aux yeux des Burundais. « Si tous les partis politiques organisent les prières pendant les jours de travail de 8 heures et demie jusqu’à 16 heures et demie, quand les Burundais vaqueront-ils à leurs activités ? », s’interroge Phénias Nigaba.

D’après Hamza Venant Burikukiye, président de Capes+, cette prière n’est pas obligatoire. «Il n’y a pas de contraintes pour y aller et le rythme des activités n’a pas changé à Bujumbura.» L’Etat ne perd pas «car les gens vaquent à leurs activités comme d’habitude. »

D’après lui, la prière devrait être quotidienne. «Trois jours de prière par an, ce n’est pas grave et cette prière est plutôt à encourager», soutient-il. Le porte-parole du Cndd-Fdd n’a pas été joignable.

iwacu-burundi.org

Langues: 
Genre journalistique: 
Thématiques: 

Partager