Le manque de devises handicape l’économie du Burundi
Le manque de devises paralyse l’économie du pays. Faustin Ndikumana, représentant légal de PARCEM (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités) indique que pour faire face à cette situation, il faut rétablir la coopération dans l’urgence avec les bailleurs traditionnels ou que l’Etat burundais doit contracter un crédit de trésorerie d’urgence.
Selon Faustin Ndikumana, représentant légal de PARCEM, le manque de devises est considéré comme les termites qui rongent le tronc d’un arbre. « Quand les investisseurs exportent les produits, on les impose au taux de la BRB, mais quand ils ont besoin des devises pour investir, ils doivent recourir au marché noir avec une différentielle de 1000 FBu et cela fausse complètement leur façon de s’approvisionner », précise Ndikumana.
Il ajoute que même avant la crise de 2015, la balance commerciale était déficitaire. « Le taux de couverture des importations par les exportations était de -20%, c’est-à-dire que plus de 80% des devises devraient avoir d’autres ressources pour équilibrer la balance des paiements », indique-t-il. Il fait savoir aussi qu’il y avait des transferts financiers liés à l’aide publique au développement ainsi que des appuis budgétaires divers, mais que là où le bât blesse est que le Burundi ne s’était jamais doté d’une dynamique de promotion des exportations.
Il signale que même avec l’entrée du pays dans la Communauté Est Africaine, le rapport montre que le Burundi a augmenté les importations par rapport aux exportations. Selon Faustin Ndikumana, au moment où les aides ont suffisamment diminué, la réponse à l’insuffisance de devises reste pendante, car il n’est plus possible d’augmenter les produits d’exportation vu que le pays éprouve beaucoup de besoins en termes d’investissement. Considérant l’an 2014, M. Ndikumana dit qu’il était clair et net que le montant de l’importation du carburant était supérieur à l’argent que le pays recevait des exportations.
L’impact de la crise des devises sur la vie des entreprises
« Aujourd’hui les devises se trouvant à la BRB sont orientées vers l’importation des produits de première nécessité, mais les entreprises manquent de devises pour acheter les matières premières. L’impact de la crise des devises sur la vie des entreprises et des sociétés devient de plus en plus évident », indique M. Ndikumana. Il a répertorié pas mal d’entreprises qui éprouvent des difficultés à s’approvisionner. Il donne l’exemple de la Brarudi qui n’a pas de devises pour s’approvisionner en matières premières et des banques qui éprouvent des difficultés à payer les importations de leurs clients.
« Si on privilège le carburant et les médicaments, il y a beaucoup d’autres besoins en termes d’investissement. Cela a un impact au niveau systémique, car c’est en grande partie de ces entreprises qui fournissent les recettes fiscales nécessaires à l’Etat », précise-t-il. « Je dois vous dire que selon les statistiques issues des différents rapports, au Burundi 10% des contribuables font entrer dans le trésor public environ 80% des recettes. Et ce sont ces grandes entreprises qui doivent subsister et résister et, encore une fois, le problème c’est la différentielle entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle », a-t-il martelé.
Selon toujours cet activiste de la société civile, les investissements directs étrangers ont diminué parce que le contexte politique et même l’environnement macroéconomique ne permettent pas aux investisseurs de venir, car il leur est difficile de faire rapatrier une partie de leurs dividendes. Il fait savoir qu’il y a des entreprises qui continuent à masser des fonds qu’ils ne peuvent pas transférer à leurs maisons mères.
Quel remède pour faire face à la crise des devises ?
Ndikumana indique que dans de tels cas, le pays fait recourt au FMI (Fonds Monétaires International) et il devrait multiplier les amis pour avoir un crédit de trésorerie d’urgence pour surmonter cette période de crise qui est entrain de paralyser l’économie du pays, poursuit-il. « Il faut que le président aille à la cherche des amis pour que le pays trouve des devises afin de faire face à cette situation, car le président est le 1er ambassadeur du pays. Puisque, si la crise perdure, il y aura un tarissement d’une partie des ressource en devises», précise-t-il.
Lors de son point de presse, M.Ndikumana a indiqué que le rapport de 2014 montrait que le Burundi est l’un des cinq pays les plus dépendants de l’aide publique au développement, mais qu’on ne s’était pas préparé à inverser la tendance. Pour l’inverser, il faut avoir eu le temps d’investir, avoir eu la confiance et la crédibilité au niveau des investisseurs et des donateurs.
Pour ce qui est de l’augmentation des investissements, le rétablissement de la coopération est incontournable d’après M.Ndikumana : « Pour augmenter le taux d’investissement direct étranger, il faut rétablir la coopération dans l’urgence avec les bailleurs traditionnels », indique-t-il .Et, au cas contraire, il propose des mesures palliatives comme la recherche des amis qui puissent combler ce vide. Il propose également de faire recours au secteur minier pour faire face à cette situation.
Mais avec le contexte de morosité qu’inspire cette crise politique et le manque de dynamique de croissance, il ne croit pas qu’on pourra faire face à cette situation. « Il faut que les autorités se ressaisissent pour maîtriser la situation », interpelle M.Ndikumana.
Signalons que Vendredi 8 septembre 2017, le taux du dollar au marché noir était de 2.720 FBu contre 1.738 à la Banque centrale (BRB). Une différentielle de presque 1.000 FBu. Ce qui ne fait pas l’affaire des importateurs, car au moment où il y a pénurie de devises à la BRB, le peu dont dispose le marché parallèle devient cher.
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