Le diabète : cette mort lente, mais domptable
Aussi meurtrier que le Sida (5 millions de morts /an), le diabète, ne cesse de gagner du terrain. Pourtant, grâce au dépistage précoce, elle est peut être prévenue.
Actuellement, sur cinq personnes hospitalisées à Bujumbura, deux souffrent du diabète. Dans les provinces Mwaro, Cankuzo, Ngozi, Gitega, le taux de prévalence environne les 4%. « Des données qui prouvent l’irréfutable présence de cette insidieuse maladie (du fait de sa prévalence) dans tous les coins du pays et parmi toutes les couches de la société », indique avec désolation Innocent Nkurunziza, directeur du Programme National Intégré de Lutte contre les Maladies Chroniques non Transmissibles (PNILMCNT).
Des chiffres, assure-t-il, maîtrisables lorsque les gens sont dépistés précocement. «Malheureusement, ils attendent que la complication de la maladie pour consulter un médecin ». Une urgence qu’a vite comprise l’Association des Infirmiers pour l’Assistance aux Diabétiques (AIAD).Elle a créée des clubs de lutte contre diabète dans les établissements scolaires et ménages. « L’objectif est de sensibiliser tout ce beau monde qui pense être à l’abri, l’alerter et lui faire comprendre l’impérieuse nécessité de se faire dépister. ».
Depuis, l’appel semble être entendu, affirme Steve Ruvari, son président. «Environ plus de 1000 personnes (enfants, adultes) se sont faits dépister volontairement en mairie de Bujumbura».Aussitôt de révéler : « Nombreuses étaient ces personnes atteintes de diabète non diagnostiqué avec déjà des risques déjà de complications pouvant entraîner telles les maladies rénales chroniques, l’insuffisance cardiaque, la rétinopathie (affection de la rétine) et la neuropathie, etc ».
Repenser la politique des soins
Face à la mollesse du gouvernement dans la lutte contre la maladie, M. Ruvari craint qu’elle ne continue de prendre de l’ampleur. « Il y a certaines personnes qui pensent que c’est une maladie pour les nantis, qu’ils se détrompent ! »
Il fait savoir que ce sont plutôt les plus démunis qui sont vulnérables : « Quand on ne mange pas à sa faim, l’insuline (hormone qui régule le sucre dans le sang) est produite en quantité insuffisante, et est de mauvaise qualité. D’où l’hypoglycémie.» La précarité est aussi un facteur aggravant. « Comment peut-on demander à un paysan d’acheter un flacon d’insuline dont le prix est de 25.000Fbu». L’urgence est, selon lui, de faciliter l’accès aux traitements.
Autre difficulté, les réflexes du personnel médical tendent à la disparition. « L’examen de l’hémoglobine glyquée (qui permet de déterminer le taux de glycémie sur 3 mois), des pieds, du fond des yeux reste une obligation. »
Une tout autre situation dans des centres de santé de l’intérieur du pays. « Certains infirmiers ignorent la stricte interdiction de mettre un enfant sous Daonil (médicament contre le diabète). »
Toutefois, M.Nkurunziza fait savoir que des efforts sont fournis dans ce sens : «Nous comptons organiser des séances de renforcement des capacités du personnel soignant et des campagnes de dépistage.»
Il assure qu’un nouveau programme prévoyant entre autre la gratuité du dépistage, pour les moins de 25 ans, débutera avec l’année prochaine. Et d’ajouter que des réactifs vont être distribués dans des centres de santé pilotes. « Seulement, ils devront s’acheter des glucomètres.»
Pour rappel, chaque 14 novembre est célébrée la journée mondiale de lutte contre le diabète.
Les bonnes habitudes pour prévenir le diabète :
-Avoir une activité physique régulière
-Ne pas être en surpoids
-Diminuer l’index et la charge glycémique de votre alimentation (le taux de sucre dans le sang) et la charge glycémique de votre alimentation
-Privilégier les fruits et légumes dans vos plats.
-Eviter les viandes rouges.
-Faire contrôler régulièrement sa glycémie (la moyenne est comprise entre 0,7 et 1,1g de sucre/litre de sang).
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