Le Nord-Kivu dénonce "l'insécurité" et "l'affairisme" des services de sécurité
La société civile du Nord-Kivu a dénoncé dans une lettre au président Joseph Kabila l'insécurité dans cette province où les groupes armés tuent des civils, en accusant d'"affairisme" les services de sécurité.
Au moins 1.343 personnes ont été tuées en deux ans dans les territoires de Beni et du Lubero, d'après cette correspondance de la société civile (ONG, avocats, Eglises...) parvenue mercredi à l'AFP.
Les auteurs dénoncent aussi des centaines de cas d'enlèvements, les viols de plusieurs centaines de femmes, la destruction d'écoles et de centres de santé.
"Dans les grands centres, on assiste impuissamment à l'affairisme des services de sécurité", poursuit la lettre citant l'Agence nationale de renseignements (ANR) dirigée par un proche du chef de l'Etat, la police et l'armée.
Les auteurs de la lettre rappellent que le président Kabila a "constaté l'inefficacité" de la Mission des Nations unies (Monusco) lors de sa conférence de presse fin janvier, mais ajoutent: "Que fait le gouvernement congolais pour défendre sa Nation, son indépendance, et protéger ses hommes et leurs biens ?".
"Pourquoi le gouvernement congolais et la communauté internationale hésitent-ils à saisir la Cour pénale internationale (CPI)?", ajoutent-ils.
La procureure générale de la CPI, Fatoumata Bensouda, est arrivée mardi à Kinshasa où elle doit rencontrer des responsables officiels et tenir une conférence de presse jeudi.
Le Parlement européen et des mouvements citoyens ont souhaité que la CPI ouvre des enquêtes sur les violations présumées des droits de l'homme en RDC.
Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme a encore accusé mercredi dernier les militaires et autres agents de l'État congolais d'être les premiers responsables de violations des droits de l'homme dans des zones de conflit, principalement dans le Nord-Kivu.
Depuis le début de l'année, l'armée a lancé de nouvelles offensives contre des groupes d'autodéfense congolais et les rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF). Mais les tueries des civils sont régulièrement rapportées.
AFP