RDC : des progrès encore nécessaires pour créer un environnement propice à des élections crédibles (ONU)
La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo a indiqué mardi 13 novembre au Conseil de sécurité que des progrès doivent être réalisés pour garantir la crédibilité des élections prévues le 23 décembre.
« Des progrès doivent encore être réalisés afin de créer un environnement propice à la tenue d’élections crédibles », a déclaré Leïla Zerrougui, devant les membres du Conseil de sécurité. Elle a aussi promis de ne ménager « aucun effort » dans le cadre de ses bons offices.
Pour Mme Zerrougui, davantage de progrès dans la mise en œuvre des mesures de confiance et l'existence de conditions de compétition politique équitables renforceront considérablement la crédibilité des bureaux de vote et contribueront à la stabilité post-électorale.
« Notre objectif collectif doit maintenant être de garantir la crédibilité du processus », a déclaré la Représentante spéciale, soulignant l’importance pour tous les candidats de disposer d’un accès égal à l'espace politique pendant la campagne électorale et de lever systématiquement les restrictions concernant les manifestations pacifiques dans tout le pays.
« En dépit de la persistance de divergences portant notamment sur l’usage de la machine à voter et la fiabilité du fichier électoral, toutes les parties prenantes restent résolument engagées dans le processus électoral », a déclaré Leila Zerrougui.
Candidature unique de l'opposition à la présidentielle
Dimanche 11 novembre à Genève, les principaux candidats de l’opposition à la présidentielle se sont entendus sur la candidature unique de Martin Fayulu dans le cadre d’une nouvelle coalition dénommée Lamuka, a indiqué l’envoyée de l’ONU.
Le choix de M. Fayulu comme candidat commun de l’opposition suscite toutefois de vives contestations parmi les militants de l’UDPS et de l’UNC, a précisé Mme Zerrougui, ajoutant que les leaders des deux partis ont annoncé leur retrait de l’accord signé la veille.
Pour sa part, le Front commun pour le Congo vient de présenter l’équipe qui soutiendra la campagne de son candidat, Emmanuel Ramazani Shadary, dont le programme devrait être dévoilé le 15 novembre.
En parallèle, les préparatifs des scrutins se poursuivent. Le 31 octobre, le Président Joseph Kabila a présidé une réunion interinstitutionnelle d’évaluation du processus électoral à laquelle la MONUSCO, en tant qu’organisation partenaire, a été invitée à participer.
« Le gouvernement a alors indiqué avoir versé à la date du 23 octobre, 322.2 millions de dollars à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), laquelle a annoncé avoir réceptionné des moyens de transport terrestres et aériens et être prête à déployer le matériel électoral sur l’étendue du territoire, dans les temps requis, pour les scrutins du 23 décembre », a rapporté Mme Zerrougui.
Selon la CENI, environ 600.000 membres du personnel électoral sont en train d’être formés afin d’assurer le bon déroulement des opérations dans 75.563 bureaux de vote, répartis sur 23.000 sites.
« Alors que le processus d’accréditation des témoins, observateurs et journalistes a commencé, des organisations de la société civile congolaise ont annoncé leur intention de déployer sur le terrain des milliers d’observateurs dans le but de garantir la transparence et la crédibilité du processus », a dit la cheffe de la MONUSCO, ajoutant que la Communauté de développement de l’Afrique australe a également exprimé son souhait de déployer une mission d’observation électorale.
Du 20 au 22 novembre, la Conférence épiscopale du Congo (CENCO) tiendra sa 57e assemblée plénière à Kinshasa pour évaluer le processus électoral. Son Vice-Président, Monseigneur Fridolin Ambongo a récemment mis l’accent sur la nécessité de trouver un consensus sur la machine à voter afin qu’elle ne constitue pas un obstacle pour la tenue des élections.
En dépit de cette dynamique, l’opposition se plaint du rétrécissement de l’espace politique, a dit Mme Zerrougui, « notamment de l’impossibilité de tenir des réunions sur l’ensemble du territoire et de l’accès non équitable aux médias publics ». L’opposition condamne également ce qu’elle considère comme l’usage présumé des ressources de l’Etat au profit du candidat du Front commun pour le Congo.
Les élections « tant attendues » en RDC auront lieu dans un contexte sécuritaire incertain, a prévenu la cheffe de la MONUSCO, citant les attaques des groupes armés et le virus Ebola dans l’est du pays, ainsi que la situation tendue dans les Kasaïs après le retour de milliers de Congolais depuis l’Angola.