Soudan: marche gigantesque à Khartoum pour demander un pouvoir civil
L’opposition soudanaise a appelé à une « marche du million » pour faire pression sur les autorités militaires afin qu’elles transfèrent le pouvoir aux civils. C’est un succès : en bus, en voiture ou même en train, les manifestants sont arrivés de partout pour répondre à l’appel de l’opposition.
La manifestation du million s’est tenue à Khartoum ce jeudi 25 avril pour accélérer le processus de transition démocratique. L’appel de l’opposition a été très suivi malgré les engagements du Conseil militaire de satisfaire l’essentiel des demandes de l’opposition.
Devant le quartier général de l’armée, c’est une véritable marée humaine. Chants, cris, bâtons qu’on frappe contre des grillages : les manifestants ont décidé de faire du bruit. Et de prouver au Conseil militaire qui dirige le pays que leur détermination est intacte.
Ali Mohamed, 32 ans, est venu d’Atbara, où ont commencé les émeutes en décembre. Pour lui, la révolution n’est pas terminée : « L’ancien régime n’est pas totalement détruit. Car on voit encore des visages de cette époque. Il ne faut pas s’arrêter de manifester maintenant. On va rester là jusqu’à ce qu’on ait tout obtenu ».
La jeunesse, qui n’a connu que le régime d’Omar el-Béchir, n’est pas prête à céder. Elle est consciente de sa force et se dit fière d’avoir réussi avec une révolution pacifique à faire plier un régime qu’elle a tant redouté. Mansour el Khalifa Ahmed, avocat, a absolument tenu à participer à cette marche du million : « Être là, c’est très important pour garantir nos droits. On a aucun autre moyen pour les garantir. Nous, on n’a ni force ni arme ».
Pour la première fois des juges, drapés dans leur robe, ont défilé jeudi depuis la Cour constitutionnelle pour réclamer "l'indépendance" du système judiciaire et rejeter toute "intervention politique", a affirmé l'un d'entre eux à des journalistes.
La veille, trois généraux contestés sur les 10 membres du Conseil militaire avaient démissionné."Tous ceux qui sont responsables de conflits au Soudan doivent être jugés", estime un des manifestants, Ismail Jadallah.
Mais à leur arrivée devant le QG de l'armée, certains manifestants les ont accueillis avec colère en leur reprochant d'avoir rendu des verdicts favorables au régime du président Béchir dans le passé.
Des manifestants venus des Etats de Jazira (centre) et du Nil Bleu (sud-est), ainsi que du village natal du président déchu, étaient également présents à Khartoum.
Des groupes de femmes, particulièrement actives depuis le début de la contestation le 19 décembre, ont brandi des drapeaux soudanais en chantant.
Le Conseil militaire de transition, qui avait annoncé vouloir répondre favorablement aux demandes de l’opposition, a dû prendre acte ce jeudi de l’ampleur de la mobilisation populaire au Soudan.
Par RFI