Comment empêcher la propagation d’Ebola aux pays des Grands lacs ?
L’arrivée d’Ebola à Goma, avec quatre cas détectés, représente une nouvelle étape dans la propagation de l’épidémie. En effet, Goma est une immense ville, de plus d’un million d’habitants, un carrefour commercial de la sous-région avec un aéroport desservant Kinshasa, Kampala et Addis-Abbeba. Il est difficile de contrôler à 100 % les flux de personnes dans toute cette zone, notamment avec l’insécurité qui ne permet pas d’agir partout. Ebola pourrait s’étendre à toute la région des Grands Lacs. Mais il ne faut pas céder à la panique. Pour le moment, les cas recensés sont les membres d’une même famille, le processus de suivi des contacts a été mis en place et les contrôles sont renforcés.
Les équipes du Ministère de la santé et de l’OMS sont en effet chargées du « suivi des cas ». Ils retrouvent toutes les personnes entrées en contact avec les cas contaminés, les vaccinent et les suivent pendant la période d’incubation. Cette étape est essentielle pour éviter la propagation de la maladie mais les moyens ne sont pas encore suffisants. Ensuite il y a la décontamination des lieux où sont passés les malades d’Ebola : habitations, marchés, transport… Il faut aussi se pencher sur les enterrements des victimes du virus car c’est à ce moment-là que la maladie est la plus contagieuse.
Mener des campagnes de sensibilisation
Il est également très important de mener des campagnes de sensibilisation de la population pour s’assurer qu’elle connaît la maladie, reconnaît ses symptômes et vient se faire soigner dans les centres de santé en cas de doute. Par honte ou par peur, certains se cachent et favorisent ainsi la propagation du virus.
Nous avons renforcé la sécurité des centres de santé avec un dispositif d’isolement innovant, sous forme de bulle, qui permet de manipuler les patients en toute sécurité. Ainsi, les centres de santé s’assurent qu’un malade d’Ebola ne vient pas contaminer les patients présents dans le centre ou le personnel de soin. Mais nous n’en avons pas assez et lançons un appel aux dons pour sécuriser davantage de centres.
Six questions pour comprendre le virus Ebola
D’autre part, il faut que nous ayons un coup d’avance sur la maladie. La fièvre hémorragique se répand très rapidement si elle atteint des zones non préparées. Dans les régions susceptibles d’être touchées par l’épidémie, il y a des campagnes de sensibilisation de la population et de formation du personnel de santé. Si des cas se développent dans les pays limitrophes, ou dans des zones jusqu’ici épargnées de la RDC, il faut des infrastructures déjà prêtes pour les prendre en charge, avant un renvoi dans les centres de soin adaptés. Le Rwanda ou l’Ouganda ont déjà mis en place ces mécanismes. Il sera sans doute plus difficile d’avoir une réponse efficace au Soudan du Sud.