Rwanda-Burundi : le HCR va rapatrier le premier groupe de 500 réfugiés ce jeudi
C’est ce jeudi 27 août que le premier tour de rapatriement des réfugiés burundais qui sont au Rwanda va s’opérer. Le HCR indique que les réfugiés qui se sont fait inscrire pour le rapatriement volontaire sont estimés à 500. Ils sont tous du camp de réfugiés de Mahama.(SOS Médias Burundi)
C’est la chargée de la communication au HCR-Rwanda qui l’a confirmé.
“Tout est prêt pour embarquer 500 Burundais. Ils passeront par la frontière Gasenyi-Nemba (Bugesera-Kirundo, au nord du Burundi). Mais sur la liste, nous avons un nombre qui dépasse légèrement 500 car il peut y avoir des désistements à la dernière minute ou ceux qui peuvent avoir peur et décider d’attendre pour le prochain rapatriement. Raison pour laquelle nous estimons que le nombre de 500 qui est provisoire sera confirmé à la frontière. Nous rappelons qu’il s’agit d’un rapatriement volontaire et individuel”, a souligné Elise Villechallane.
Pour ce qui est du paquet-retour, sa constitution et la durée dans le camp de transit avant que ces Burundais rejoignent leurs familles, le HCR-Rwanda fait savoir que cela sera déterminé par le HCR-Burundi.
Quid des réfugiés endettés à Mahama?
Au camp de Mahama, des réfugiés ont été mis en garde de pouvoir s’acquitter de leurs dettes et de régler tout litige, quitte à ce que rien ne leur empêche de rentrer à la dernière minute. Ceci a inquiété les concernés.
“Il y a des gens qui ont des dettes envers les boutiquiers ou des groupes d’épargne sociale, ceux dont les gaz de cuisine ont été volés, ceux qui ont des engagements envers des projets de micro-crédits, etc…, tous ceux-là vont rester alors qu’ils veulent rentrer? Nous trouvons qu’il s’agit des barrières à notre volonté de rentrer au pays”, s’interrogent quelques Burundais qui se sont confiés à notre rédaction.
Toutefois, le HCR tranquillise que rien ne peut empêcher à un réfugié de retourner volontairement dans son pays d’origine. L’agence onusienne évoque la Convention de Genève de1951, relative au statut des réfugiés.
“Nous rassurons à ces réfugiés que ces équivoques vont être levées. Notre équipe de protection est en train de suivre la question cas par cas, en collaborations avec nos partenaires financiers locaux et internationaux. Ces dettes sont minimes et seront réglées en tout cas. Qu’ils soient tranquilles et restent sereins”, laisse entendre la chargée de la communication au HCR-Rwanda.
Un rapatriement controversé
Pour ceux qui se trouvent sur la liste de rapatriement, c’est une bonne nouvelle.
“Je suis très ravi car je vais retrouver mon pays. Je me suis déjà fait inscrire avec toute ma famille. Nous attendons impatiemment cette date”, a réagi l’un des promoteurs de ce retour des réfugiés au camp de Mahama.
D’autres considèrent ceux qui vont rentrer comme des “traîtres”.
“Ce sont des traîtres ces types là. Nous les connaissons. Depuis le début, on savait que ce sont en quelque sorte des espions du gouvernement burundais. Ils pensent qu’ils seront bien accueillis mais ça ne sera pas le cas. Ils ont échoué leur mission car peu de gens vont rentrer. Ils seront humiliés”, ont dit avec colère, des réfugiés qui s’opposent au rapatriement.
De leur part, cinq associations des réfugiés oeuvrant dans le camp de Mahama apprécient la méthodologie du HCR de rapatrier les réfugiés sur base d’une demande individuelle sans tenir compte de la liste « controversée » dressée par certains réfugiés, il y a trois semaines.
Elles soulignent que cette démarche du HCR évitera “le désordre” et “la zizanie” qu’avait causés la première liste jugée “truquée”.
“Le rapatriement est un choix individuel. Il ne doit en aucun cas rappeler les plaies non encore cicatrisées aux victimes », ont écrit les représentants de ces associations.
Ils souhaitent que le rapatriement respecte les droits des uns et des autres pour sauvegarder l’harmonie, la sécurité et la fraternité « qui ont toujours caractérisé les réfugiés burundais au camp de Mahama depuis leur installation en 2015 », selon eux.
Le camp de Mahama est situé à l’est du Rwanda dans le district de Kirehe. Il héberge plus de 60.000 réfugiés burundais selon les données du HCR.