Commissariat général des migrations, une odeur de pot-de-vin pour l’octroi du passeport
Quatre voire cinq mois peuvent passer sans avoir un document de voyage pour les demandeurs. Ces derniers accusent ceux qui sont chargés de délivrer les passeports, de privilégier les nantis.
« J’ai donné 500.000 francs burundais de plus pour renouveler mon passeport. J’ai entendu dire que pour l’avoir à l’immédiat, il faut donner quelque chose, donc l’argent à la PAFE. Chose que j’ai faite parce que j’étais censé retourner d’où je suis venu le plutôt possible », A.N. venu au pays pour les vacances.
Chaque jour des files d’attente des demandeurs des documents de voyage s’observent au commissariat général des migrations. Ces demandeurs grognent. Certains d’entre eux, viennent de passer plus de quatre mois sans avoir leurs passeports : « De lundi à vendredi, je suis ici pour voir si mon passeport est disponible. Mais toujours rien. Je ne comprends pas pourquoi cela traîne. Ceux qui viennent pour la première fois peuvent passer trois jours ou plus juste pour se faire enregistrer », se plaint J.H.
Mais ils affirment que ceux qui ont des moyens pour payer plus sur les 235.000 francs burundais, les frais de passeports, peuvent les avoir facilement sans attendre beaucoup de jours, certains paient 380.000 francs burundais, voire plus. Cela dépend des négociations entre le demandeur et le ’’commissionnaire’’.
« Nous voyons souvent des personnes qui viennent demander des passeports et après quelque temps, ils obtiennent leur sésame. Alors que nous, nous venons de passer des mois ici et ils nous disent que nos passeports ne sont encore pas disponibles. Incompréhensible », se désole une jeune femme qui attend toujours son passeport.
D’autres évoquent une sorte de népotisme : « Sans connaissance au commissariat général des migrations, difficile d’avoir des documents de voyage ».
Des Burundais qui sont venus de l’étranger pour renouveler leurs passeports doutent de la décision de suspendre l’octroi des documents de voyage sans la présence physique des demandeurs : « Donc ils savent que pour avoir un passeport cela prend beaucoup de temps et nous qui sommes venus les renouveler, on n’a pas beaucoup de temps. On se retrouve obligé de donner une somme supplémentaire pour avoir le passeport. C’est incompréhensible », lâche une personne interrogée.
« Je suis au courant de la situation »
Maurice Mbonimpa, commissaire général des migrations à la Police des Airs, des Frontières et des Étranges reconnaît l’existence des commissionnaires véreux qui demandent de l’argent pour accélérer les procédures de demande de ces documents : « Nous avons entendu pas mal de plaintes sur les malversations qui s’opèrent ici au commissariat général des migrations. Nous avons attrapé quelques-uns et ils ont été punis sévèrement. Il y a même des policiers, nous les avons remplacés », a-t-il expliqué.
Malgré ces arrestations, la situation persiste. Ce commissaire appelle les demandeurs des documents à dénoncer toute personne qui exige de l’argent pour obtenir un passeport.
Sur la question des files d’attente, il explique que le nombre des demandeurs des documents s’est accru depuis le mois d’août : « Des jeunes qui veulent postuler à la loterie de la carte verte (green card) viennent en masse. Les anciens passeports vont bientôt expirer et ils viennent les renouveler pour avoir ceux de l’EAC. Donc vous comprenez que les files d’attente ne peuvent pas manquer ».
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