Le redressement de l’Onatel : un casse-tête
Lors du Conseil des ministres du 29 septembre 2021, ce dernier avait formulé une série de recommandations en vue de redresser l’Office national de Télécommunication (Onatel). Une commission avait été mise place pour étudier la question. Le mardi 5 mars dernier, c’était le moment de faire le point. Echec.
Entre autres recommandations, les ministres préconisent le redressement du leadership de l’Onatel pour qu’il soit capable de piloter les réformes à envisager et autoriser l’entreprise à recruter des ressources humaines techniquement compétentes mais dans les limites du budget disponible et recycler ceux qui peuvent l’être.
Identifier, parmi les titres et actions de l’Onatel dans les institutions financières, ceux qui sont moins rentables et les vendre pour purger une partie de ses dettes. L’Onatel doit également évaluer ses créances et procéder à leur recouvrement.
Pour les ministres, il faut chercher un cabinet d’audit externe pour faire le diagnostic général de l’Onatel et proposer des mesures de redressement. Le même audit, d’après les ministres, va montrer comment le crédit contracté par l’Etat du Burundi a été utilisé par la société Huawei.
Il faut également vérifier également si le crédit que l’Etat a contracté auprès de la Chine pour la redynamisation de l’Onamob n’est pas assuré. Chercher les moyens pour moderniser la téléphonie fixe à travers notamment l’introduction du ’’triple play’’ où dans une même ligne se trouvent le téléphone, l’internet et les chaînes de télévision.
Insatisfaction du conseil des ministres
Sur ce, une commission a été mise en place à cet effet et a produit une note. Elle montre les actions concrètes à mener par rapport à ces recommandations, les moyens nécessaires, les échéances ainsi que le responsable de la mise en œuvre de chaque action.
Elle a également proposé que les autres actions déjà inscrites dans la stratégie sectorielle du ministère de tutelle ainsi que dans le plan quinquennal de l’Onatel soient mises en œuvre en appui à cette feuille de route.
Selon cette commission, sa mise en œuvre nécessite des financements internes et externes qui s’élèveraient à 156 milliards de BIF pour la feuille de route d’une part et plus de 95 milliards de BIF pour les autres actions non reprises dans la feuille de route.
« Après analyse de la note, le conseil des ministres a constaté que l’objectif voulu par le gouvernement en formulant ces recommandations n’a pas été atteint car la commission a travaillé en dehors du cadre proposé et tracé », a annoncé Prosper Ntahorwamiye, secrétaire général et porte-parole du gouvernement.
Du coup, le conseil des ministres a décidé de mettre en place une équipe composée de représentant de la présidence de la République, de la primature et de certains autres ministères chargés d’élaborer les termes de référence pour un audit de l’Onatel et de mettre en place une équipe d’experts indépendants locaux.
Elle va élaborer un plan de redressement de l’Onatel, c’est-à-dire son business plan, en partant sur le patrimoine de l’Onatel. Le conseil recommande aussi d’identifier les éléments du personnel qui peuvent rester et ceux qui peuvent être réaffectés ailleurs et ceux qui doivent être désintéressés.
Des dettes colossales
Dans un document intitulé ’’Contributions des organes sociaux regroupant le personnel sur la situation critique actuelle’’, les représentants du personnel dans ces organes sociaux (Conseil d’Entreprise, Syndicats) font savoir que depuis 1991 jusqu’en 2008, il y a eu une augmentation du chiffre d’affaires annuel jusqu’à atteindre plus de 20 milliards de BIF en 2008.
« C’est à partir de 2009 jusqu’aujourd’hui que ce dernier n’a cessé de chuter passant de 18,5 milliards à 5,5 milliards de BIF en 2019. Pendant la même période, le résultat net de l’Onatel reste déficitaire de 17,2 milliards de BIF en 2019, à l’exception des exercices 2007, 2009 et 2012 où l’on enregistre des résultats positifs, respectivement 2,62 milliards de BIF, 2,88 milliards de BIF et 541 millions de BIF ».
Selon ces représentants du personnel, les dettes à court, moyen et long terme, au 31 décembre 2020, totalisent un montant d’environ 117 milliards de BIF y compris les dettes envers le personnel évaluées à 8 milliards de BIF sans compter les intérêts de retard sur les crédits bancaires octroyés au personnel.
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