Les erreurs stratégiques de Tshisekedi renforcent le M23
Depuis la reprise des hostilités entre le M23 et les FARDC en novembre dernier, les failles des dysfonctionnements dans les institutions congolaises sont encore sur la place publique.
Et ce n’est pas du tout agréable pour les tenants du pouvoir à Kinshasa, alors ils multiplient les maladresses. Avec une rhétorique va-t’en guerre alors qu’ils n’en ont pas les moyens.
Pendant que les FARDC accumulent des revers sur le front avec la perte de la ville stratégique de Bunagana et d’autres environnantes, Kinshasa multiplie le discours de haine anti tutsi et des appels aux meurtres de ces derniers.
Il recycle les vieux clichés et attise les ressentiments des populations affamées par la faillite de l’Etat les opposant au tutsis congolais présentés comme des étrangers, des infiltrés et des traitres à la nation.
Suffisamment pour les livrer à la vindicte populaire. Et depuis on assiste à des scènes cruelles dans les rues congolaises contre cette minorité ethnique congolaise.
Plutôt que de respecter ses engagements vis-à-vis du M23 avec qui il a signé des accords, le gouvernement congolais pratique la politique de l’autruche.
La chasse aux tutsis s’étend jusque dans les institutions. A l’assemblée nationale un député a déclaré qu’il y avait des « rwandais dans l’hémicycle », pendant que le Colonel Bageni de l’armée en mission de service était pris à partie par des policiers à Kisangani.
Des militaires des FARDC, tutsis congolais sont demis de leurs fonctions dans des conditions très discutables.
Le 2 juin 2022, quatre officiers supérieurs ont été renvoyés de l’armée au motif fallacieux qu’ils sont de mèche avec le Rwanda.
Il s’agit de Lieutenant-Colonel Kibibi Mutware, Major Sido Bizimungu, Major Aruna Bovic et Major Mundande Kitambala.
En considérant les grades qu’ils ont, on peut deviner aisément qu’ils occupaient des postes de commandement.
Ils paient juste le fait qu’ils sont tutsis, sans plus.
De là à voir tous les officiers tutsis congolais rejoindre le M23 avec leur corps défendant il n’y a qu’un pas.
Quelle est la réaction du militaire tutsi congolais qui a vu ces images du Col Bageni ? Peut-il continuer tranquillement ? Rien n’est moins sure.
En 2020, on dénombrait vingt généraux, trente colonel, trente cinq Lt-colonel, cinquante major, trois cent capitaine sans compter les officiers subalternes.
Et personne ne remet en doute leur capacités militaires. Tant mieux pour eux.
Ils étaient avec L.D Kabila au sein de lAFDL, RCD Goma, CNDP de Laurent Nkunda. Ils ont la maitrise de la guerre et connaissent bien le terrain de l’Est du pays.
Et pourtant à sa prise de fonction, le Président Tshisekedi avait promu le Général Obed Rwabasire au rang de chef d’état-major chargé des opérations et le Général Pacifique Masunzu chargé de la deuxième région militaire.
Il faut dire que le discours de haine et l’appe là la violence affecte ces militaires dans leur chair. Il s’agit de leurs familles et c’est cette persécution qui les avait poussés à prendre les armes contre les différents régimes.
Comme si cela ne suffisait pas, la majorité à l’assemblée nationale qui soutienne Tshisekedi à invalider les mandats de cinq députés pour « absentéisme ». Curieusement, tous proches de Kabila dont sa sœur Janet Kabila.
Moise Nyarugabo a fustigé une politique de deux poids deux mesures. Selon lui, les députés de la majorité présidentielle sont ceux qui brillent par leur absentéisme. Mais aucun d’entre eux n’est concerné par les mesures prises.
Tshisekedi qui comptait beaucoup sur la réussite de l’état de siège ne peut que constater le fiasco.
Une année des horreurs et de chaos avec un nombre record des civils tués. Des militaires qui vendent les munitions pendant que les officiers supérieurs sont engagés dans la contre-bande des pierres précieuses.
Qu’est ce qui ne va pas dans la stratégie de Tshisekedi ?
La question mérite d’être posée et elle vaut son pesant d’or.
Les uns evoquent une incompétence des collaborateurs pléthoriques, d’autres le jeu double des commandants sur terrain, une coalition politique chaotique à Kinshasa.
Certains analystes trouvent qu’il lui manque un ensemble de renseignements précis.
Ajouter à cela une méconnaissance des dynamiques internes aux FARDC. Une armée sans esprit de corps. La désorganisation des unités par le commandement opérationnel, gonflement des effectifs des militaires afin de détourner l’argent des fictifs.
Plutôt que de faire la guerre aux forces négatives, les militaires profitent de l’état de siège pour se faire une santé financière.
Tshisekedi manque d’analyse de la menace pour identifier l’enemie de la RDC, de la préparation des opérations et une technique appropriée.
Tshisekedi devrait se pencher très sérieusement sur l’héritage historique et la complexité des réalités surtout à l’est de son pays.
Les conflits à l’Est du Congo aussi circonscrits soient-ils, sont d’abord la conséquence de la faillite de l’Etat.
Ils sont loin d’être considérés comme les racines des clivages que l’on observe actuellement.
Une mauvaise appréciation comme celle en cours conduira à appliquer une riposte inadaptée et mal planifiée avec des lourdes conséquences.
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