Voirie urbaine : Après trois ans, quel bilan pour l’ARB ?
Au moment où certaines routes sont en piteux état, d’autres sont en pleine rénovation par l’Agence routière du Burundi.
Mercredi 2 novembre. Nous sommes sur le boulevard Lt Gnl Adolphe Nshimirimana qui part du Rond-point des Nations unies jusqu’au quartier Carama. De toutes parts, les véhicules doivent passer de longues minutes à enjamber les trous béants occasionnés par le manque d’entretien de cette route en très piteux état.
« Cette route est en très mauvais état. Elle endommage nos véhicules, ce qui nous coûte beaucoup en termes de réparations », témoigne un habitant de Cibitoke qui passait par là.
D’autres passants interrogés se demandent à quand aura lieu la réhabilitation de cette route. Interrogé par Iwacu en janvier dernier, le directeur général de l’Agence Routière du Burundi, Régis Mpawenayo avait fait savoir que les travaux de réhabilitation allaient débuter en juillet de cette année.
Sur le Boulevard Melchior Ndadaye, aux alentours de la Brarudi, les travaux de rénovation de la route vont bon train. 33 ouvriers portant les gilets de l’ARB travaillent à l’aide de pelles et de brouettes. Le périmètre qui jouxte notamment le marché de Buyenzi a même été interdit à la circulation. D’après les informations que nous avons recueillies, ce boulevard devrait être entièrement rénové d’ici un mois.
Interrogé sur les moyens de désengorger la ville de Bujumbura, Régis Mpawenayo, directeur général de l’Agence routière du Burundi, indique que le parc automobile en mairie de Bujumbura a largement augmenté par rapport à la taille de la ville : « Le problème, c’est que nous avons, surtout le matin, des véhicules qui viennent de tous les coins de la ville et qui convergent vers un seul centre-ville et qui, le soir, font le chemin inverse. C’est cela qui crée des embouteillages.»
Pour pallier cette situation, Régis Mpawenayo préconise la décentralisation : « Avec différents services des ministères qui vont se déplacer dans la province Gitega, nous aurons un léger mieux. »
Quant à l’entretien des routes qui fait souvent défaut en mairie de Bujumbura, le DG de l’ARB se défend : « Il y a une amélioration par rapport aux années passées ne fût-ce que par le bouchage des nids de poules que tout le monde peut observer.» M.Mpawenayo fait ensuite savoir que si les moyens actuellement mis à la disposition de l’agence pour entretenir les routes demeurent réguliers, les choses vont considérablement évoluer dans les années à venir.
Eclairage/ Pacifique Nsabimbona : « Il faut des données fiables sur la sécurité routière »
Le président du Bureau d’Etudes, Expertises et Conseils en Automobile (BECA) insiste sur la nécessité d’une collecte des données fiables liées à la sécurité routière.
Pour Pacifique Nsabimbona, il doit y avoir constamment un audit des infrastructures et de la sécurité routière. « Cette étude se doit de déterminer le nombre d’accidents sur la route, l’état des routes, etc. Ce sont les statistiques qui en découlent qui vont éclairer le décideur quant aux actions à mener ». Selon lui, le manque de statistiques fiables se répercute sur les décisions à prendre.
L’expert indique que lors du forum Africain de la sécurité routière tenu à Marrakech en 2018, les Etats se sont convenus de la mise en place d’observatoires de la sécurité routière, au niveau africain et au niveau national au sein de chaque Etat. « Malheureusement, un certain nombre d’Etats dissimulent les chiffres sur la sécurité routière. Or, il ne peut y avoir de solutions aux problèmes liés à la sécurité routière sans données fiables».
Pour illustrer l’importance d’une telle collecte de données, M. Nsabimbona évoque le cas des décès après accident : « Dans les statistiques de l’OMS, on comptabilise les décès après accident dans les 30 jours qui suivent l’accident. Or, au niveau national, si le décès a lieu après une période maximale de 15 jours après l’accident, il n’est pas comptabilisé comme tel. Donc, il y a une grosse carence de données à ce niveau-là.»
Pacifique Nsabimbona demande également la mise en place d’une coordination des activités de la sécurité routière. Par exemple, explique-t-il, dans les pays avancés, les enfants sont familiarisés au code de la route dès le bas âge. De sorte que, ajoute-t-il, il sera à sa majorité déjà éduqué à l’usage de la voie publique au moment de passer son permis.
L’expert déplore qu’au Burundi les citoyens apprennent le code de la route au moment de passer le permis : « Il y a un temps précieux qui est perdu. Sans oublier des personnes illettrées à qui il faut aussi apprendre l’usage de la voie publique.»
Le président de BECA cite d’autres aspects portant sur cette coordination des activités de la sécurité routière. Il évoque le rôle crucial des médecins dans la prise en charge des accidentés de la route, celui des journalistes dans la sensibilisation de masse, les juristes, etc.
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