Burundi/Médias : Le correspondant du Magazine Jimbere à Ruyigi, libre et son matériel remis
Après avoir passé deux jours au cachot de la commune Bweru à l’est du Burundi, en garde à vue, le journaliste Pantaléon Ntakarutimana, correspondant du Magazine Jimbere et de la radio Indundi Culture, a été libéré ce lundi, son matériel est reste confisqué jusque ce mardi à 12 heures. Ses patrons ont rencontré l’administration communale.
Selon ces responsables du Magazine Jimbere, il a été « convenu avec l’administrateur de la commune Bweru, Diane Nibitanga que ce correspondant allait récupérer son téléphone et sa carte de presse dans la ce mercredi. « J’attendais la confirmation, maintenant c’est fait, l’administrateur Diane Nibitanga a remis le téléphone et la carte de presse à Pantaléon », fait savoir le directeur exécutif du Magazine Jimbere, Roland Rugero.
Son téléphone et sa carte de presse avaient été confisqués quand il a été arrêté ce samedi et conduit sans ménagement au cachot de la commune Bweru, selon des témoins de la scène.
Accompagné par le coordinateur des correspondants du Magazine Jimbere, Roland Rugero s’est rendu ce mardi 16 juillet à Bweru sur demande ou invitation de l’administration communale.
Selon un communiqué sorti dans la soirée de ce mardi, « ils ont eu un long échange avec l’administration communale sur le contexte ayant mené à la garde à vue du journaliste au soir du 13 juillet 2024 ».
« Les discussions ont permis à la fois de mettre au clair les attentes des pouvoirs publics dans cette commune dans le domaine médiatique, tout en offrant au Magazine Jimbere l’occasion d’exposer sa ligne éditoriale et son processus de production de l’information », lit-on dans cette note.
Au bout de trois heures d’échanges avec l’administrateur Diane Nibitanga, confie Roland Rugero, le Magazine Jimbere a décidé de ne plus couvrir cette commune de l’est du Burundi.
Une dent contre Pantaléon
Selon des sources dignes de foi, cette autorité n’a jamais digéré les informations diffusées notamment par ce correspondant du Magazine Jimbere, natif de cette même commune sur ses décisions interdisant les femmes et les jeunes filles de circuler au-delà de 19 heures sans être chaperonnées.
Le Magazine Jimbere a tenu à préciser que « Pantaléon n’a subi aucun sévice ni lors de son arrestation, ni durant sa garde à vue, et qu’il compte reprendre dès ce mercredi 17 juillet le bel et exigeant métier de journaliste ».
Arrêté dans la journée de samedi le 13 juillet, il lui était reproché par l’administrateur de la commune Bweru, Diane Nibitanga, d’avoir donné des « informations biaisées, non équilibrées, sans la version de l’administration ».
Il s’agissait d’une personne morte dans un accident de la route mais que ses proches refusaient d’enterrer sans que cette affaire soit élucidée, surtout que le cadavre avait été retiré du lieu de l’accident.
Cette autorité a demandé à ce journaliste de ne rien dire, elle craignait qu’il n’ait déjà rapporté cet incident qui a suscité beaucoup d’émotions et de controverses.
« Je ne faisais que poser quelques questions à cette famille éprouvée quand l’administrateur a ordonné que je sois arrêté », a confié le journaliste Pantaléon Ntakarutimana après avoir récupéré sa carte de presse et son téléphone.
Selon les proches de ce journaliste, qui se disent toujours inquiets, avec la confiscation de son matériel dont son téléphone, l’on était à deux doigts de s’acheminer droit vers un autre scénario à la Gérard Nibigira , le correspondant de la Radio-Télévision Isanganiro qui a vu ses téléphones confisqués et confiés aux services secrets avant d’être informé quelques jours après qu’il y aurait un dossier ouvert contre lui au Parquet de la République à Gitega.
Pour Me Gérard Ntahe, spécialiste du droit des médias, toute saisie du matériel d’un journaliste est illégale. Selon lui, les journalistes jouissent du droit à la protection de leurs sources, et cela porte sur la provenance et les conditions d’obtention des informations qu’ils diffusent.
« Elle concerne donc l’ensemble des documents imprimés, les ordinateurs, les téléphones, les notes, les enregistrements, les prises de vue ainsi que toute information collectée et emmagasinée électroniquement », précise-t-il.
Au vu de tout cela, souligne-il, la saisie de ces matériels est donc illégale. « Mais le problème est que la loi régissant la presse ne prévoit aucune sanction pour quiconque viole cette disposition ».
Tout au plus, relève-t-il, il pourrait y avoir poursuite pour vol, qui est la manœuvre par laquelle un individu enlève un objet quelconque à son légitime propriétaire contre le gré de celui-ci.
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