Le Burundi s’équipe d’un Laboratoire P3
La ministre de la Santé publique, Dr Lydwine Baradahana, a inauguré le vendredi 8 novembre 2024 un laboratoire de biosécurité de niveau P3 à l’Institut national de la Santé publique au Burundi (INSP). Ce laboratoire de pointe financé par le Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme et le Pnud, permettra de renforcer le diagnostic et la prise en charge des maladies infectieuses graves, tout en contribuant à la formation du personnel médical burundais.
Un laboratoire de biosécurité de niveau P3, souvent désigné par l’acronyme BSL-3 (Biosafety Level 3), est un environnement de recherche hautement sécurisé conçu pour manipuler des agents pathogènes qui peuvent causer des maladies graves chez l’Homme ou les animaux, mais pour lesquels des traitements ou des mesures préventives efficaces sont disponibles.
« Nous exprimons nos remerciements les plus sincères au Fonds mondial pour ce financement offert au Burundi et géré par le Programme des Nations Unies pour le développement au Burundi, qui a assuré, comme vous avez vu et comme vous avez entendu, la construction de ce laboratoire de niveau de sécurité P3 qui est destiné au diagnostic de la tuberculose », a déclaré la ministre de la Santé publique.
Lors de la cérémonie d’inauguration, Dr Baradahana a souligné l’importance de ce projet pour le système de santé burundais : « Ce don significatif nous offre une infrastructure de pointe pour diagnostiquer et traiter des pathologies hautement infectieuses. »
Elle a ajouté que l’infrastructure permettra au pays d’assurer des diagnostics plus sûrs et précis pour des pathogènes tels que la tuberculose et le virus Marburg, tout en minimisant les risques de contamination. Ce laboratoire de niveau P3 fait ainsi du Burundi un des pays d’Afrique centrale à disposer d’une telle installation.
Une avancée significative
Elle a mis également en lumière le potentiel de ce laboratoire à renforcer le système de santé publique en déclarant : « Ce laboratoire représente une avancée majeure dans notre capacité de combattre l’une des plus grandes menaces pour la santé publique. »
Selon Dr Baradahana, cette installation de biosécurité P3 ne se limitera pas au diagnostic et au traitement des maladies infectieuses. Mais il jouera également un rôle dans la formation des professionnels de santé : « En renforçant les compétences de notre personnel de santé, nous investissons dans l’avenir de notre système de santé. Cela garantit la pérennité de nos efforts et assure un service de qualité pour tous. Ce laboratoire ne sera pas seulement un espace de recherche, il sera aussi un centre de formation pour nos professionnels de santé », a-t-elle affirmé.
Cette approche vise à garantir que les opérateurs soient bien préparés à utiliser cette infrastructure complexe et à renforcer les capacités locales dans le diagnostic et la prise en charge des maladies infectieuses. « En investissant dans le développement des compétences de notre personnel, nous renforcerons notre système de santé et garantirons la pérennité de nos efforts », a-t-elle ajouté.
Capacité à traiter de pathogènes hautement contagieux
Joseph Nyandwi, directeur général de l’INSP, a pris la parole pour détailler l’importance de cette infrastructure de biosécurité, capable de traiter des pathogènes hautement contagieux. Il a expliqué que « ce laboratoire augmente la capacité de diagnostic de l’INSP… et permettra la surveillance des épidémies », en précisant que sa conception assure une sécurité maximale grâce à une technologie de pression négative. « Ce laboratoire va éviter que le pathogène s’échappe et contamine l’air, et du coup, va contaminer la population », a-t-il déclaré.
Cette installation assure que les agents pathogènes, même en cas de fuite, ne se retrouvent pas dans l’air ambiant, renforçant ainsi la sécurité tant pour les opérateurs que pour le grand public.
Pour Nyandwi, l’acquisition de ce laboratoire de niveau P3 constitue également un atout dans la lutte contre les résistances antibiotiques, notamment grâce à des tests de sensibilité. « Le laboratoire permettra aussi de faire des tests de sensibilité aux antibiotiques pour la tuberculose multirésistante, ouvrant la voie à des traitements adaptés », a-t-il ajouté.
Cette infrastructure devrait également contribuer à des recherches approfondies pour identifier d’autres pathogènes, et les données récoltées permettront au système de santé burundais de prendre des décisions fondées sur des preuves scientifiques.
Le directeur de l’INSP a souligné l’importance de disposer d’un laboratoire de biosécurité avancé pour répondre aux exigences en matière de contrôle de ces maladies : « Ce laboratoire va servir à faire le diagnostic des pathogènes hautement contagieux comme le Marburg, la tuberculose et d’autres infections. »
Une infrastructure cruciale pour le Burundi et ses pays limitrophes.
Mathieu Ciowela, représentant résident du Pnud au Burundi, a pour sa part insisté sur le caractère innovant et stratégique de ce projet pour le Burundi et la région. Il a salué les efforts collectifs ayant permis la réalisation de cette installation, soulignant l’expertise internationale et locale mobilisée pour en assurer la qualité. « Avec ce laboratoire, c’est le plateau de diagnostic et d’études beaucoup plus approfondies dans le domaine médical auquel le Burundi aura accès », a-t-il déclaré, ajoutant que cette infrastructure permettra « certainement des économies de plusieurs ordres » car elle rend inutile l’envoi d’échantillons vers des laboratoires étrangers.
Ciowela a également relevé l’impact positif que ce laboratoire pourrait avoir au-delà des frontières du Burundi : « Cette installation constitue un avantage aussi bien pour le Burundi que pour les pays voisins comme la Tanzanie et la RDC, qui pourront aussi bénéficier de ces équipements de pointe. » Pour lui, l’infrastructure marque une avancée régionale dans la lutte contre les maladies infectieuses.
Ce laboratoire de biosécurité P3 vient donc combler une lacune importante dans les capacités sanitaires du pays. Selon Ciowela, « avec ce laboratoire, le Burundi a la possibilité de diagnostiquer et de traiter des maladies qui nécessitent un haut niveau de biosécurité ». Ce qui représente un atout majeur pour répondre aux menaces sanitaires futures.
Le coût total de cette installation est estimé à environ 1,124,000 dollars (3,324,965,203 FBu). Ce qui représente un investissement substantiel dans le système de santé burundais.
https://www.iwacu-burundi.org/le-burundi-sequipe-dun-laboratoire-p3/