La flambée des prix asphyxie les Burundais, l’Olucome en appelle à l’action
La pénurie des devises et la spéculation sur le marché noir plongent le Burundi dans une crise économique profonde. Les prix des produits de base explosent, tandis que les inégalités se creusent, accentuant la détresse des populations vulnérables. L’OLUCOME tire la sonnette d’alarme et propose des pistes de solution.
Le Burundi est en proie en une crise économique sans précédent, l’Olucome(Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques) tire la sonnette d’alarme.
Selon son président, Gabriel Rufyiri « la pénurie des devises, couplée à une mauvaise gestion du pays conjuguée à une faible importation entraine une inflation galopante », a-t-il fait savoir dans une conférence de presse tenue ce mardi 19 novembre.
Cette situation entrave les importations de produits de première nécessité, comme le carburant et les matières premières, tout en dépréciant le franc burundais à des niveaux alarmants.
« En avril 2024, le dollar américain s’échangeait à 4 500 FBu sur le marché noir, aujourd’hui, il atteint 8 000 FBu, soit une hausse de 77,7 %. Cette dévaluation, combinée à une spéculation alimentée par certains acteurs publics, les autorités du pays, a fait exploser les prix de produits essentiels comme le sucre, l’huile et le ciment », a déclaré Rufyiri.
Des chiffres révélateurs d’un désastre économique
Les données récoltées entre avril et novembre 2024 illustrent l’ampleur d’une économie à bout de souffle. Un kg de viande sans os est passé de 17 000 FBu à 30 000 FBu (+76,4 %), l’huile de cuisine (20 litres) a bondi de 79 000 FBu à 225 000 FBu (+184,8 %), le kg de sucre, vendu à 3 500 FBu en avril, coûte désormais 6 500 FBu, il avait grimpé jusqu’à atteindre les 10 000 FBu(+185,7 %).
Selon Gabriel Rufyiri, même les produits de première nécessité, comme le sel, un produit qui n’a jamais connu de hausse depuis que le Burundi est le Burundi, sauf du temps de l’embargo sous le régime Buyoya, a connu une hausse de 120%. Le pain et les services de taxi, ont vu leurs prix doubler, voire quadrupler.
« La flambée des prix frappe de plein fouet les Burundais, dont le pouvoir d’achat s’effondre. Face à cette situation, de nombreuses familles doivent vendre leurs récoltes avant la moisson, un système communément appelé « umugwazo », pour survivre », a déclaré Gabriel Rufyiri.
Parallèlement, la classe moyenne disparaît progressivement, selon le président de l’OLUCOME, aggravant les inégalités sociales.
Les institutions publiques ne sont pas épargnées: « La Mutuelle de la Fonction Publique n’arrive plus à couvrir les soins médicaux des fonctionnaires, tandis que les hôpitaux peinent à assister les plus démunis comme le centre neuropsychiatrique de Kamenge dit Chez Le Gentil qui refuse de soigner les patients en raison d’une dette du gouvernement envers ce centre », a-t-il confié.
Gabriel Rufyiri tire à boulet rouge et parle d’un « mauvais leadership en place » qui, selon lui, est à l’origine de cette crise profonde.
Il souligne notamment sur la pénurie de produits de base comme le sucre, le carburant et le ciment sur le marché officiel, tout en constatant leur abondance sur le marché parallèle, notamment à Nyamitanga en province de Cibitoke, qui est devenu un important point de vente de carburant de contrebande dans le pays.
Au cours de cette conférence de presse, le président de l’Olucome a demandé à la ministre du Commerce de démissionner si elle s’avère « incapable ».
Il s’est également interrogé sur le rôle de l’ombudsman, s’étonnant de son inaction face à cette crise : « Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle doit plaider pour le peuple », a-t-il souligné.
Même les députés et les sénateurs n’ont pas été épargnés : « Ils sont complices, ils font la sourde oreille face à cette situation. Ils doivent sortir de leur zone de confort, s’ils représentent réellement les intérêts du peuple, et proposer des solutions », a-t-il appelé.
Comme solution, Gabriel Rufyiri propose « à court terme, d’assainir la gestion des devises, de réduire les dépenses publiques somptuaires et d’éradiquer le marché noir, tout en préconisant, à moyen terme, de revitaliser les secteurs porteurs comme le thé, le café et le tourisme pour attirer les investisseurs étrangers, et à long terme, de miser sur le potentiel minier et énergétique du pays.
Le président de l’Olucome appelle à une responsabilité collective des autorités et des citoyens face à cette crise qui perdure.
https://www.iwacu-burundi.org/la-flambee-des-prix-asphyxie-les-burundais...