Affaire-Burambi : le Focode exige une enquête indépendante
La demande est formulée après l’assassinat d’un ex gendarme et d’un ancien militaire à Maramvya dans la commune de Burambi (province de Rumonge, Sud-ouest du Burundi). Le forum pour la conscience et le développement (Focode) demande à la police d’expliquer les circonstances dans lesquelles les deux retraités ont été tués. Le premier a succombé après avoir reçu des balles de policiers qui l’avaient capturé. (SOS Médias Burundi)
Le président du Focode en exil depuis plus de cinq ans rappelle que la peine de mort n’est plus reconnue par l’État burundais.
Selon lui, la police devrait enquêter et présenter les « fautifs » à la justice. « Chaque fois que la police tue des citoyens qu’elle est censée protéger, elle doit expliquer sérieusement ce qui s’est passé », dit-il.
Et de continuer, « C’est dans cette logique qu’elle doit notamment expliquer les circonstances de la mort de Déo Niyongabo (Côme) et celle de Protais Niyondiko, deux anciens militaires tués les 16 et 18 janvier 2021 en commune de Burambi ».
Il estime que le cas de Protais Niyungeko est très interpellant. « Le cas de Niyungeko est davantage plus intriguant: le quinquagénaire a été arrêté jeudi, des images l’ont montré les bras ligotés dans un pickup de la police. Des informations font état de pratiques horribles de torture dont il aurait fait objet. Lundi, il aurait été ramené par la police dans une vallée de Burambi pour montrer une cache d’armes. Ce qui s’est passé après n’est pas clair. Des sources à Burambi disent que Protais aurait été exécuté par la police dans la même vallée. Dans ce genre de situations, la police burundaise dit toujours soit qu’elle s’est défendue contre une attaque de la victime soit que la victime a tenté de s’enfuir ».
Pour le cas de Protais, M.Nininahazwe trouve non convaincantes les explications fournies par la police.
Hier, Pierre Nkurikiye porte parole du ministère en charge de la sécurité a effectivement expliqué que l’homme a tenté de s’évader avant d’être abattu par des policiers. « Pourtant, le quinquagénaire était ligoté, affaibli par la torture et très bien entouré par une armada de policiers. Comment pouvait-il s’enfuir dans une telle situation. À mon avis, il s’agit d’un cas d’exécution extrajudiciaire », trouve-t-il avant d’exiger que les responsabilités soient rapidement dégagées.
La loi
Le président du Focode appelle au respect de la loi. « Quelle que soit la gravité des crimes reprochés au détenu, la police n’a aucun droit de l’exécuter. Elle a plutôt l’obligation de le traduire devant la justice », insiste-t-il.
Et de préciser: « La police devrait également s’expliquer sur le harcèlement insoutenable qu’elle pratique depuis plusieurs mois sur la famille de Déo Niyongabo (Côme) tué samedi. Presque tous les enfants de Côme, y compris des mineurs en très bas-âge, ont connu en 2020 des moments de détention par la police. Son fils Alfred Dusengimana est en détention depuis avril 2020. Son épouse Immaculée Sakaganumwe est également détenue à la prison de Rumonge depuis des mois. Les deux n’ont pas été jugés, ils sont accusés d’avoir refusé de révéler la localisation du père de famille. En réalité ils sont en prison uniquement parce qu’ils sont des proches de feu Déo Niyongabo ».
Il conclut sa réaction en rappelant que selon le code pénal en vigueur au Burundi, « la responsabilité pénale est personnelle », pas familiale.
« Les autorités burundaises doivent cesser de tels abus et mettre fin à ce harcèlement qui ne les honore pas », lâche-t-il.