fév
20
2017

Agathon Rwasa : « Je suis en danger »

Le premier vice-président de l’Assemblée nationale annonce un montage destiné à l’écarter des élections de 2020.

Il y aurait donc un montage concocté contre vous ?

Effectivement des projets visant à me nuire pour des raisons politiques. J’ai des infos avérées.

Voulez-vous donner plus de détails ?

On parle d’une rébellion qui me serait collée pour qu’on procède à ma déchéance politique et m’enlever ainsi l’immunité. Si je ne tombe pas sous les balles de quelques fanatiques, je vais me retrouver dans les geôles.

Pour quelles raisons ?

Ils pensent qu’ils seraient ainsi tranquilles pour cheminer vers les élections de 2020.

Prenez-vous cette menace au sérieux, avez-vous des preuves?

Il ne faut jamais négliger une information, surtout dans un pays comme le nôtre. Pour moi, c’est du sérieux. Tout récemment, on a eu du mal à collaborer avec l’ancien Secrétaire général de notre formation politique, Adolphe Banyikwa. Il n’acceptait pas qu’il y avait crise. Il a préféré claquer la porte. Puis il a signifié à qui veut l’entendre que je n’étais pas fait en métal, que je venais de signer mon arrêt de mort. Son plan devra aboutir coûte que coûte.

Concrètement, c’est quoi son plan ?

A ma connaissance, il ne serait pas loin de cette prétendue rébellion. Il a envoyé des démobilisés chez Nzabampema, en RDC. Une trentaine est déjà de retour. D’autres seraient en chemin. L’objectif est d’opérer quelques simulacres d’attaques. Et de m’en attribuer le commandement.

Le procureur général va constater une rébellion au pays. Et Adolphe Banyikwa va évoquer des dissensions qui seraient liées à cette rébellion, qu’il ne parvenait pas à cautionner. On demanderait donc à l’Assemblée nationale de me déchoir.

Qui seraient les cerveaux de ce plan ?

Je ne doute pas que les généraux soient dans le coup. Parce qu’on ne peut pas inventer cette histoire sans la collaboration des ténors du pouvoir. Adolphe Banyikwa dit lui-même que je n’ai pas le soutien des généraux. Je n’en ai pas besoin.

Avez-vous fait parvenir vos inquiétudes aux instances habilitées afin de renforcer votre sécurité ?

Pour raffermir ma sécurité, ce n’est pas le nombre de militaires qui compte. Dans cette situation, la responsabilité revient plutôt à ceux qui gèrent le pays pour que ce genre de plan n’aboutisse pas.

Aucun citoyen ne mérite la mort. C’est quand même une honte pour un Etat moderne, qui se dit indépendant, que des gens disparaissent, que d’autres soient retrouvés morts, sans que le pouvoir public ne nous explique. La Constitution nous garantit la vie et la pluralité d’opinions. Pourquoi alors suis-je persécuté? Je ne dois pas nécessairement appartenir à telle ou telle autre formation politique, sauf celui de mon choix.

Ces menaces peuvent-elles vous contraindre à l’exil ?

Je ne pense pas que ceux qui veulent me forcer à l’exil aiment le Burundi. Ceux qui ont fui constituent une perte pour le pays.

Il est temps que le pouvoir se ressaisisse, soit lucide et comprenne que le Burundi doit évoluer avec tout le monde.

On devrait songer à améliorer la situation politique au Burundi pour qu’elle inspire même ceux qui sont à l’étranger à rentrer au pays. Si on cherche à nuire à ceux qui sont à l’intérieur, cela va-t-il attirer ceux qui sont à l’étranger?

Je ne suis pas en train de fuir. Je suis là. On meurt tous un jour. De toutes les façons ils vont échouer. Ce n’est pas la première fois qu’on planifie mon assassinat. Je dois faire ce que j’ai à faire. Et ce n’est pas en exil que je le ferai.

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