Arusha : une absence plombant le dialogue
Entre le boycott du gouvernement, la cacophonie qui entoure la participation du Cnared et l’absence de plénière pour amorcer les discussions. Des ingrédients pour une session placée sous le signe d’un probable échec.
L’annonce du gouvernement burundais est tombée ce mercredi soir. Il a décidé de ne pas envoyer de délégués à Arusha.
« Certes, les Burundais ont besoin de solidarité internationale, mais ils doivent jouir de leur droit d’être respectés dans leurs choix et dans la conduite d’un processus de dialogue qui est leur. » En cause, « la liste, l’agenda et Benomar.» D’abord cette fameuse liste d’invités. Elle comporte de nouveaux visages. Les grandes figures du Cnared et d’anciens dirigeants du parti au pouvoir aujourd’hui en exil. Il s’agit de ceux que Bujumbura qualifie de violents. Ce sont des « putschistes recherchés par la justice. Leur présence empiète sur la souveraineté de la République et les lois qui régissent le pays », a indiqué le Secrétaire général et porte-parole du Gouvernement, Philippe Nzobonariba.
Il y a aussi l’agenda. « Le gouvernement trouve qu’il y a certaines irrégularités au niveau de l’organisation qui s’écarte de l’habituel esprit de concertation. » Il s’agit des huit points inscrits à l’ordre du jour.
Le dernier élément est le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations unies au Burundi que Bujumbura a récusé pour sa « partialité ».
Quant au Cnared, le flou est resté longtemps sur sa participation. C’est ce mercredi soir que l’on a appris que la plateforme de l’opposition burundaise en exil participera finalement au dialogue. « Le Cnared a décidé de se rendre à Arusha », a déclaré son président, Jean Minani. Sauf que dans l’entre-temps, le Commissaire en charge de la communication et des relations publiques de la coalition, Jérémie Minani, s’est fendu d’un communiqué annonçant que « la délégation qui se rend à Arusha ne détient aucun mandat du Directoire d’aller dans les négociations. Si elle le fait, elle aura outrepassé ses compétences et tout ce qu’elle aura négocié n’engagera pas le Cnared. Au final, c’est une délégation forte de 6 membres du Directoire (Jean Minani, Jérémie Ngendakumana, Pie Ntavyohanyuma, Onésime Nduwimana, Bernard Busokoza et Pancrace Cimpaye) qui s’est rendue à Arusha.
Le facilitateur a ouvert le bal, ce matin, avec les anciens chefs d’Etat Pierre Buyoya, Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye. Il n’y a pas eu de plénière pour lancer les discussions, ce jeudi matin. L’ex-président Benjamin Mkapa a indiqué que cette session vise à assainir le climat politique afin d’inciter les réfugiés et les hommes politiques en exil à rentrer. Interrogé sur le boycott du gouvernement burundais, le facilitateur a affirmé qu’il n’était pas invité à ce round même si Bujumbura affirme que l’invitation lui a été envoyée le 13 février.
M.Mkapa va recevoir les politiciens burundais qui ont répondu à son invitation par groupe d’affinités. L’ancien président tanzanien va leur fournir des documents de travail avant de recueillir leurs propositions sur les huit points à l’ordre du jour.
Selon les sources sur place, il fera la synthèse des différentes propositions pour produire un projet d’accord de sortie de crise. Il sera par la suite soumis aux chefs d’Etat de la Communauté Est africaine lors d’un sommet prévu fin février.
source:Groupe iwacu du 17.02.2017