Assassinat de Rwagasore, son parti veut attaquer la Belgique en justice
Ce mercredi 13 octobre, le Burundi a commémoré le 60ème anniversaire de l’assassinat du héros de l’indépendance du Burundi. 60 ans après, le parti Uprona compte intenter un procès en justice contre la Belgique.
Les cérémonies ont commencé par la messe à la Cathédrale Regina Mundi. Dans son homélie, le curé de la paroisse Félix Fupi a salué la bravoure et l’amour du Prince Louis Rwagasore pour sa patrie. « Il a montré un exemple. Il n’a pas lutté pour son bien mais pour le bien de tout le pays ».
Il a insisté sur le comportement peu catholique des pharisiens, qui priaient pour être vus et pour leur honneur”. « Le problème des Pharisiens ici, c’est que Jésus dit que tout ce qu’ils font c’est pour se faire remarquer. Ils utilisent leur position, leur posture pour se faire remarquer ». Ce qui est mauvais, a-t-il dit, est de nous refuser le droit de dire ce qui va bien et ce qui ne va pas. « Corrigez-vous », a-t-il dit s’adressant à l’assistance essentiellement constituées de hauts dignitaires.
Et encore quelques conseils de la part de ce curé : « C’est pourquoi vous les autorités, si c’est possible… j’espère que vous le faites bien, entourez-vous de bons conseillers qui osent vous dire ce qui marche et ce qui ne marche pas. Ressaisissez-vous. Quand vous avez des conseillers du genre, vous êtes bien entouré, ils vous veulent du bien ».
Félix Fupi a également fustigé le comportement d’un mauvais conseiller. « Il ne vous veut pas du bien, c’est comme un sorcier ».
Vers 11 heures, les cérémonies se sont poursuivies par un hommage solennel au mausolée du prince Louis Rwagasore érigée sur la colline Vugizo. Le Chef de l’Etat, Évariste Ndayishimiye accompagné de son épouse et des hauts dignitaires dont le président de l’Assemblée Nationale, celui du Sénat, le Premier Ministre, le vice-président, les membres du gouvernement ainsi que les représentants des missions diplomatiques et consulaires étaient sur place, ainsi que les représentants des partis politiques dont l’Uprona.
« La lutte pour le recouvrement de l’indépendance ne fut pas de tout repos, le colonisateur ne ménagea pas ses efforts pour mettre en difficulté le Prince et ses compagnons de lutte », rappellera le maître des cérémonies dans la présentation du parcours du Prince.
Le couple présidentiel a déposé une gerbe de fleurs, suivi du corps diplomatique, la famille du prince Rwagasore et les partis politiques.
Un procès contre la Belgique
En marge des cérémonies, Olivier Nkurunziza, président de l’Uprona a déclaré que son parti va intenter un procès contre la Belgique, l’ancienne métropole coloniale. « Il y eu un jugement pour les assassins de Rwagasore. Mais ce n’était pas à 100% accepté car les commanditaires n’ont pas été inquiétés. Il y a eu la main invisible de la Belgique car ils étaient sur terrain comme administratifs ».
60 ans après, le président de l’Uprona demande à la Belgique à présenter des excuses. « Pour qu’il ait réconciliation entre le peuple belge et les Burundais, il faut que la Belgique demande pardon au peuple burundais comme il l’a fait en RDC pour le cas du premier ministre Patrice Lumumba ».
Alain Van Gucht : « Attendons le travail de cette commission parlementaire, là nous verrons des actions jugées opportunes à ce moment »
Interrogé, l’ambassadeur du Royaume de Belgique au Burundi, Alain Van Gucht, présent à ces cérémonies a indiqué que ce parti a le droit d’attaquer la Belgique en justice.
« Pour ce parti qui veut intenter un procès, je n’ai aucun commentaire à faire. Par contre ce que je peux clairement préciser c’est que le débat actuel est celui d’historiens pas un débat des politiques. La Belgique a clairement signifié sa volonté d’ouvrir ses archives historiques à tout chercheur qui le souhaiterait ».
S’agissant des excuses, l’ambassadeur se veut clair : « Une commission parlementaire a été mise en place en Belgique pour se pencher sur notre passé commun non seulement avec le Burundi mais également le Congo et le Rwanda. Les travaux de cette commission sont en cours, je ne connais pas les conclusions. Attendons le travail de cette commission parlementaire, là nous verrons des actions jugées opportunes à ce moment ».
Le couple présidentiel après avoir déposé la gerbe de fleurs