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2025

Bamvuginyumvira réfute les accusations de Ndayishimiye concernant le Rwanda

Frédéric Bamvuginyumvira, ancien Vice-Président du Burundi (1998-2001), a qualifié de mensongers les propos tenus par le président Évariste Ndayishimiye, qui a accusé le Rwanda d’être à l’origine des divisions ethniques ayant marqué l’histoire du Burundi.

"Les problèmes que nous avons eus nous ont été amenés en 1959 depuis le Rwanda. De même, les Congolais ont été affectés par les événements du Rwanda en 1996. Nos pays doivent-ils éternellement subir les conséquences de ce qui s’y passe ? Ils n’ont qu’à régler leurs propres problèmes et cesser d’interférer dans les nôtres. Ici, au Burundi, nous ne distinguons pas entre Hutu et Tutsi, nous sommes tous Burundais. S’ils dirigent leur pays selon les appartenances ethniques, cela les regarde." a déclaré le président Ndayishimiye lors d’un rassemblement à l’église Vision de Jésus-Christ, ce 16 mars 2025.

Dans une interview accordée à IGIHE, Bamvuginyumvira a affirmé que la division, la haine et les violences ethniques qui ont marqué la région trouvent leur origine dans la colonisation européenne. Il a comparé ces divisions à un poison instillé par les colons, dont les Rwandais, Burundais et Congolais n’ont jamais su se libérer.

"Je pense qu’il a déformé la réalité. Si l’on examine l’histoire du Burundi, du Rwanda et du Congo, ce qui nous relie avant tout, ce sont les épreuves que nous avons traversées, principalement à cause des divisions ethniques. Mais ces divisions ont été façonnées par les Européens, qui nous ont inculqué une vision déformée de nos identités. Une fois partis, nous n’avons pas su reconnaître ni éradiquer ce poison idéologique qu’ils avaient laissé derrière eux." a-t-il déclaré.

Pour illustrer que les tensions ethniques ont été semées par la colonisation belge, Bamvuginyumvira a souligné que ce problème est spécifique aux trois pays autrefois sous domination belge, tandis que d’autres nations voisines, comme la Tanzanie, sont restées stables.

Bamvuginyumvira a proposé que le Burundi, le Rwanda et la RDC organisent une conférence régionale afin de définir des solutions durables pour le rapatriement de leurs populations déplacées.

Par ailleurs, s’exprimant devant les fidèles de l’église dirigée par le pasteur Isidore Mbayahaga, le président Ndayishimiye a nié toute implication dans un projet d’extermination des Tutsi en collaboration avec le groupe terroriste FDLR et le gouvernement congolais.

Cependant, Bamvuginyumvira a affirmé que certains hauts responsables burundais entretiennent des liens avec les FDLR, un groupe armé composé d’anciens génocidaires ayant participé dans le genocide contre les Tutsi en 1994. Il a ajouté que ces responsables soutiennent ce groupe dans le but de renverser le gouvernement rwandais.

"Ndayishimiye appartient au parti CNDD-FDD. Des preuves ont révélé que certains dirigeants de ce parti collaborent avec les FDLR, qui a trouvé refuge en RDC, et leur fournissent une aide logistique. Ils échangent des armes, et certains fournissent de l’or pour financer leurs activités visant à retourner au Rwanda et renverser le pouvoir en place. De nombreux rapports confirment ces allégations." a-t-il déclaré.

Bamvuginyumvira a également révélé que les FDLR sont bien présentes dans la forêt de la Kibira, où elles affrontent parfois l’armée burundaise, précisant que certains de leurs combattants traversent la frontière pour se ravitailler en nourriture dans des localités burundaises, notamment dans la commune de Mabayi, en province de Cibitoke.

"Dans de telles conditions, lorsque le Président tient de tels propos, il se contredit lui-même, car ses déclarations sont en totale contradiction avec la réalité." a-t-il ajouté.

Le Président Ndayishimiye a affirmé que la question ethnique n’existe pas au Burundi. Cependant, selon Bamvuginyumvira, bien que ce discours soit affiché publiquement, en réalité, le pouvoir burundais continue d’appliquer une politique fondée sur l’ethnie et cherche à affaiblir la communauté tutsie.

"L’ethnicité est instrumentalisée en coulisses. On entend dire : ’Nous devons garder le pouvoir en tant que Hutus’, ou encore : ’Les Tutsis veulent s’en emparer, avec l’aide des Rwandais’. Ce type de discours est propagé comme un message de manipulation. Certains Burundais y adhèrent, d’autres non." a-t-il précisé.

Bamvuginyumvira a également critiqué la fermeture des frontières entre le Burundi et le Rwanda en janvier 2024, soulignant que cette décision pénalise avant tout les Burundais. Il a appelé à un dialogue constructif pour restaurer la coopération entre les deux pays.

Il y a quelque temps, le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a assuré que les discussions entre les deux nations étaient en cours et progressaient vers une résolution des tensions, après plusieurs rencontres entre les services de renseignement rwandais et burundais.
https://fr.igihe.com/Bamvuginyumvira-refute-les-accusations-de-Ndayishim...

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