sep
26
2018

Beni : l’émoi et les questions après le massacre

La ville de Beni, dans la province congolaise du Nord-Kivu, a été le théâtre samedi 22 septembre d’une violente attaque menée par de présumés rebelles ougandais des ADF. Révoltés et excédés, les habitants s’interrogent sur l’efficacité de la réponse militaire et sur le rôle de la Monusco.

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux. Une dizaine de corps sont étendus à même le sol. Des stigmates de blessures par balles balafrent le visage de certaines victimes. Autour des dépouilles, l’entourage est effondré de chagrin. En fin de journée, samedi 22 septembre, l’horreur a une nouvelle fois frappé à Beni, théâtre depuis des années d’un conflit dit « de basse intensité » opposant les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux rebelles islamistes ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF).

D’après plusieurs témoignages recueillis par Jeune Afrique, l’attaque a débuté samedi aux environs de 17 h 30 au niveau du poste militaire de Kasinga, dans le nord-est de Beni, où stationne un bataillon des FARDC. « Tout laisse à croire que l’armée s’est retrouvée débordée », commente Teddy Kataliko, le président de la société civile de Beni. Les combats ont d’ailleurs causé la mort de quatre militaires congolais, selon le substitut de l’auditeur supérieur militaire du Nord-Kivu, cité lundi par l’AFP.

« Ils tiraient et hurlaient »

Dans des circonstances qui restent encore à éclaircir précisément, les assaillants – une centaine selon Teddy Kataliko – se seraient ensuite déportés au niveau de la commune de Ruwenzori, avant de pénétrer en profondeur dans les faubourgs de Beni. « Aux alentours de 18 h 30, j’ai quitté en moto le centre-ville en direction de la zone est de la ville », témoigne à Jeune Afrique Patrick Siku, qui était aux premières loges durant l’attaque. « Comme il faisait déjà nuit, j’ai allumé mes feux. Et au loin, j’ai aperçu un groupe d’hommes armés en tenue militaire. Il était alors très difficile de les identifier. »

Selon le jeune homme, les assaillants ont alors ouvert le feu dans toutes les directions. « Ils tiraient et hurlaient », raconte Patrick, qui a abandonné sa moto dans la précipitation pour se réfugier à l’abri des balles. « Les FARDC ont tenté de s’organiser. Mais la riposte est intervenue tardivement. Il y avait déjà des victimes », nous assure-t-il.

D’après le dernier bilan des autorités militaires, les assaillants ont tué au moins dix-sept civils – vingt, selon la société civile. Depuis, les visages des victimes défilent sur les réseaux sociaux, à l’image de ce jeune enseignant à la faculté et de sa fiancée.

jeuneafrique.com

Langues: 
Genre journalistique: 
Thématiques: 

Partager