Bob Rugurika: “Les journalistes vivent dans la peur au Burundi”
“Aujourd’hui les journalistes des médias indépendants vivent dans la peur au Burundi. Certains parmi eux essayent de trouver les moyens de quitter le pays. Des imbonerakure, ainsi que des agents du renseignement et des policiers les cherchent activement pour les assassiner, intimider ou arrêter illégalement”.
C’est ce qu'a déclaré hier soir le Directeur de la radio RPA, Bob Rugurika, au cours d’un entretien téléphonique concédé à Infos Grands Lacs.
Bob Rugurika, qui est parti «se mettre à l’abri à l’étranger» par mesure de sécurité assure que “jamais je n’aurais imaginé que le pays pouvait en arriver là. J’assiste depuis des années aux tensions entre le pouvoir à Bujumbura et la presse indépendante, mais de là à ce que des éléments du régime puissent attaquer et détruire les médias privés…”
Le directeur revient sur les attaques perpétrées contre les médias privés burundais le 14 mai dernier. Il récuse notamment les propos du conseiller à la présidence, Willy Nyamitwe, qui lors d’un point de presse a déclaré hier que la destruction des sièges de ces médias étaient le résultat de “combats” entre les forces loyalistes et les putschistes. “Ces combats n’ont pas eu lieu dans les studios, mais en dehors”, assure le directeur de RPA. “Comment expliquer que des éléments de la police et de l’armée se sont introduits dans nos locaux pour incendier le siège de la RPA ?” Rugurika met ausi en doute aussi “la volonté de la présidence burundaises de vouloir rétablir la liberté d’expression au Burundi”, qualifiant ce discours de “démagogique”.
“Il est très difficile de pouvoir confirmer s’il s’agissait d’une vrai ou d’un faux coup d’Etat”, a ajouté Bob Rugurika. “Ce qui est sûr, c’est que le vrai ou faux coup d’Etat du 13 mai est la goutte qui a fait déborder le vase. Les attaques contre nos médias sont un acte prémédité d’un plan diabolique visant à détruire la presse indépendante”.
Bob Rugurika revient par ailleurs sur le communiqué des putschistes émit à partir des studios de deux radios privés, dont RPA, et rejette toute complicité supposé entre les putschistes et la presse indépendante. “Quand ces présumés putschistes sont entrés dans différents studios des radios privés, ils étaient armés. Que pouvaient faire les journalistes ? Ils n’ont pas être victimes de pareille situation”.
“Nous devrions deposer des plaintes contre le gouvernement du Burundi en citant les individus impliqués dans ces activités criminelles, et si la justice burundaise ne parvient pas à trancher sur cette affaire, nous saisirons les juridictions internationales et regionales”, a conclu le directeur de la RPA.
Propos recueillis à Bruxelles par Joshua Massarenti, correspondant d'Infos Grands Lacs. En collaboration avec VITA/Afronline (Italie).