Burundi : PARCEM : Tous les indicateurs sont au rouge
PARCEM a présenté son rapport sur l’état de la gouvernance socio-économique pour l’année 2018 lundi le 31 décembre 2018. Dans ce numéro, Burundi Eco revient sur certains points de ce rapport
Dans le rapport de PARCEM sur la gouvernance socio-économique 2018, Faustin Ndikumana, président de cette association s’inquiète que la pauvreté est toujours une réalité au Burundi. Cette situation s’observe au moment où l’enquête sur les conditions de vie des ménages réalisée en 2014 a montré que le Burundi abritait plus de six millions de personnes vulnérables, se classant ainsi parmi les pays d’Afrique subsaharienne les plus pauvres. 64,9% de la population, soit environ 6,1 millions de personnes vivait en-dessous du seuil de pauvreté.
Environ 3,6 millions de Burundais, soit 38,7 % vivaient en situation d’extrême pauvreté et ne pouvaient pas satisfaire leurs besoins nutritionnels minimum de 2 200 kilocalories (Kcal) par équivalent adulte par jour. Si l’on se réfère au seuil de pauvreté international de 1,9 USD par habitant par jour (taux de change en parité du pouvoir d’achat, PPA, de 2011), le taux de pauvreté du Burundi s’élevait à 72,9%, soit environ 8 points de pourcentage de plus que le taux de pauvreté national. Cela signifie que la pauvreté était d’environ 30 points de pourcentage plus élevée que la moyenne des pays à faible revenu (PFR) qui s’élevait à 47,2% et de celle des pays de l’Afrique subsaharienne (ASS) qui s’élevait à 42,7%.
Agriculture : les défis restent les mêmes
Dans ce même rapport, les secteurs porteurs de croissance économique comme l’agriculture ne se développent pas. Ndikumana a précisé que les défis auxquels fait face le secteur de l’agriculture restent les mêmes. Ce sont entre autres l’exigüité des terres arables, les marais qui ne sont pas aménagés, l’agriculture qui n’est pas encore mécanisée, etc. Et d’ajouter l’approvisionnement en engrais chimiques qui reste problématique. Il déplore qu’en moyenne seulement 8 kg d’engrais sont utilisés par hectare au Burundi contre 120 kg par hectare de la moyenne mondiale et 50 kg par hectare de la moyenne africaine. De plus, le fonds de garantie agricole n’est pas encore mis en place. Les phases de transformation et de conservation ne sont pas encore développées. On peut produire des tomates en quantité suffisante à Cibitoke. Néanmoins, elles finissent par pourrir, car on n’a pas pu les transformer et les conserver pour les consommer après un certain temps.
La certification, encore problématique
Selon toujours Ndikumana, la certification des produits est toujours préoccupante. Beaucoup de produits sont consommés sans être certifiés. Il fait remarquer que cette situation est dangereuse, car les gens qui les consomment peuvent mourir. Un autre défi est qu’ils ne peuvent pas être exportés. Selon lui, le pays en pâtit.
Le tourisme n’est pas développé
Ndikumana ajoute que le secteur du tourisme n’est pas développé. Le lac Tanganyika n’est pas exploité de façon rentable. Les hôtels ne sont pas classés. De surcroît, la réduction des vols de Kenya Airways a perturbé les visiteurs.
Le document de la politique nationale d’industrialisation, pas encore mis en place
Dans le secteur de l’industrie, le rapport de PARCEM note que le document de la politique nationale d’industrialisation n’est pas encore mis en place. Sachez que ce document est une référence que le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme s’est proposé d’élaborer depuis 2016 dans l’optique d’orienter les actions à mener pour l’industrialisation du Burundi.
L’environnement des affaires régresse
De surcroît, ce rapport montre que l’environnement des affaires a reculé de quatre places. C’est surtout au niveau de l’accès aux crédits et de la sécurité juridique des investisseurs. La libre concurrence est aussi problématique. Certains opérateurs économiques bénéficient des avantages du code des investissements alors que d’autres n’en ont pas. Cela fait que certaines entreprises tombent en faillite.
Au niveau des infrastructures, Ndikumana a indiqué que l’état de certaines infrastructures routières est dégradé. Les exemples frappants sont la route Bujumbura –Bubanza (RN 9) à partir du rond point des Nations Unies jusqu’ à Kinama et la route Bujumbura-Rumonge (RN 3). Il affirme que des contrats pour la réhabilitation de certaines routes ont été signés. Cependant, il s’inquiète que le taux de décaissement reste faible (environ 20%). Et d’ajouter la zone économique spéciale qui n’est pas encore mise en place, les infrastructures de l’aéroport international de Bujumbura qui nécessitent d’être réhabilitées et l’ex- marché central de Bujumbura qui n’est pas encore reconstruit.