Burundi : une trêve, pour quoi faire ?
Un jour de trêve signifie moins de heurts entre police et manifestants, une reprise des activités, une circulation des personnes, etc. Mais pour les quartiers du Nord de Bujumbura engagés contre le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza, cette trêve de lundi a moins de signification qu’on le croirait.
Dans les rues des quartiers de Mutakura, Cibitoke et Ngagara, des bus aux allures hésitantes foncent au terminal habituel en s’arrêtant de temps en temps pour déposer des passagers. Il est 11h, des motos et vélos se remarquent dans les principaux axes et tout le monde espérait une bonne circulation des bus.
Jérôme est un chauffeur des bus de Mutakura, il y a plus de 5 ans. Il semble être moins surpris : « Depuis les manifestations, c’est difficile de croire à la trêve. Le peu de bus ont aussi peu de clients. Certains préfèrent rester à la maison soit parce qu’ils craignent la situation sécuritaire et d’autres ne veulent plus se disputer des clients qui viennent à compte-goutte. »
A la 3ème avenue de Mutakura, Marie, une mère de 6 enfants, au regard perdu, constate amerement l’effet que les manifestations créent dans son porte-monnaie : « Chaque mois, j’attendais plus de 300.000 frbu de loyer, pour mes maisonnettes. Aujourd’hui, personne ne paye et je les comprends. Toutes leurs activités sont paralysées. Nous sommes tous dans le bourbier. »
Dans ce quartier de Mutakura, certaines boutiques ont fermé car leurs propriétaires ont fui. Mais cette fuite a peu d’impact aux yeux des habitants qui ont vu du jour au jour leur pouvoir d’achat quasiment nul.
A côté des pertes en vie humaines, des conséquences économiques des manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza sont réelles, mais pour les populations contestataires, elles restent encore minimes au regard de la cause pour laquelle elles restent engagées dans la rue.
Pacifique Cubahiro, Infos Grands Lacs