Burundi/UE : vers la levée des sanctions
Il n’y a plus de conditionnalités pour la levée des sanctions prises en 2016 par l’UE contre le Burundi au nom de l’article 96 de l’Accord de Cotonou régissant les rapports entre l’UE et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Il y a une « orientation de travailler afin que soit révoquée la mesure qui suspendait l’aide financière aux pouvoirs publics burundais ».
Ce sont là les mots de l’Ambassadeur de l’Union européenne au Burundi, Claude Bochu après avoir été reçu en audience par le chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, ce lundi 21 juin.
Il a tenu à lui ’’informer en primeur sur les orientations qui ont été prises dans des groupes de travail internes aux institutions européennes associant l’ensemble des 27 pays membres de l’UE au sujet du Burundi’’.
Donc à la fin du mois dernier, a tenu à préciser l’ambassadeur Bochu, ces groupes de travail ont unanimement donné l’orientation de travailler aux experts juridiques, aux traducteurs, les institutions, afin que soit révoquée la mesure qui suspendait l’aide financière aux pouvoirs publics burundais.
« C’est un progrès remarquable, un progrès important, raison pour laquelle j’avais sollicité à en informer le président puisque il y a quelques mois encore, il y a 6 à 7 mois l’opinion n’était pas la même », a-t-il noté.
Selon l’ambassadeur de l’UE au Burundi, il y a eu une évolution importante dans les opinions des ministres de l’UE et des institutions et cette opinion a été attentive à ce qui s’est passé au Burundi.
«Mais il faut que le texte juridique soit établi et adopté»
D’après lui, ’’c’est sur la base des évolutions positives qui ont été initiées par le président de la République en termes de bonne gouvernance et d’Etat de droit et de droits de l’Homme que ces mesures ont été prises’’.
Petit bémol : « Ces experts et ces représentants des ministres ont aussi observé que d’autres progrès étaient attendus aussi et seraient les bienvenus, dans les mois qui viennent », a indiqué l’ambassadeur de l’UE au Burundi.
Selon lui, c’est grâce au dialogue entre l’UE et le Burundi initié que cette étape a été franchie : « Nous nous sommes réjouis, le président et moi-même que ce dialogue politique entre l’UE et le Burundi avait été repris, il y a quelques mois. Ces échanges ont permis de suivre et d’alimenter les réformes qui, petit à petit, voient le jour dans ce pays. Donc nous les avons accueillies avec plaisir et le président a bien accueilli ces nouvelles ».
L’ambassadeur Claude Bochu apporte une certaine nuance : « Il y a une étape nécessaire qui a été franchie par les groupes de travail à Bruxelles, ce n’est pas une étape suffisante. Il faut que le texte juridique soit établi et adopté. Cela prendra encore un peu de temps. Le train a définitivement quitté la gare, il est parti. Il n’y a plus de conditionnalités ».
Place aux projets de dévéloppement
L’ambassadeur de l’UE au Burundi a fait part au président Ndayishimiye des projets de dévéloppement que l’UE compte appuyer d’ici la fin de l’année. « Il y a eu un déblocage pour le projet de réhabilitation du port de Bujumbura un dossier qui lie l’UE à la Banque africaine de développement avec un financement de 60 millions d’euros. Ceci permettra au port d’aller de l’avant et passer des contrats afin de remédier à un certain nombre de disfonctionnements dû au matériel vétuste».
Un autre projet concerne le développement agricole : « Ce secteur tient beaucoup à cœur le président, le projet est prêt, il s’agit d’assister la naissance de chaînes de valeur dans le domaine agricole. Nous n’attendons que la signature de la convention de financement avec le ministre chargé de l’économie et des finances ».
Il y a trois autres projets évoqués notamment le soutien au secteur de la santé : « L’UE est un partenaire du ministère de la Santé publique et d’ailleurs la semaine prochaine, il y aura inauguration d’un centre de transfusion sanguine de Gitega », a fait savoir l’ambassadeur de l’UE au Burundi.
Il y a également des projets en matière de protection de l’environnement, des ressources naturelles et la gestion de l’eau. Ce n’est pas tout, il un nouveau projet concernant le soutien au ministère de la Justice dans ses efforts de faciliter l’accès à la justice des justiciables burundais.
Des organisations de défense des droits humains indignées
Signalons que les relations entre l’Union européenne et le Burundi avaient été suspendues en 2016 en raison des accusations de violations des droits de l’Homme et de l’Etat de droit. C’est aux termes de l’article 96 de l’Accord de Cotonou régissant les rapports entre l’UE et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) que le gouvernement burundais s’est vu privé de l’aide directe. L’UE accusait le Burundi de ne pas respecter cette disposition mais avait maintenu voir majorer son aide en faveur de la population.
Signalons que plusieurs organisation de défense des droits de l’homme et de la liberté de la presse dont Human Rights Watch, Defender Defenders, la Fédération internationale pour les droits humains, Committee to Protect Journalists, Burundi Human Rights Initiative, ont adressé ce lundi 21 juin une lettre ouverteune lettre ouverte à l’UE rappelant qu’elle « devrait honorer ses engagements en faveur des droits humains au Burundi ».
Ces organisation se disent « préoccupées sur le fait que l’UE et certains de ses États membres semblent disposés à fermer les yeux sur l’absence de progrès significatifs sur la situation des droits humains et sur l’impunité généralisée pour les atteintes graves aux droits humains passées et continues dans le pays ».
https://www.iwacu-burundi.org/burundi-ue-vers-la-levee-des-sanctions/