Catherine Ray (porte-parole de l’UE): « Les violences en RDC ne peuvent être dissociées de l’impasse politique à Kinshasa »
Bruxelles - Hier les ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne – réunis en Conseil - ont adopté des sanctions à l’égard de neuf personnalités congolaises civiles et militaires, dont Lambert Mende, ministre des communications et des médias, et porte-parole du gouvernement de Bruno Tshibala, le général Kalev Mutondo, chef des services de renseignement de la République démocratique du Congo et Ramazani Shadari, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la sécurité.
« Ces sanctions », qui prennent effet immédiatement, « visent notamment à interdire ces personnalités de pénétrer sur le territoire de l’Union Européenne et à geler leurs avoirs », a déclaré à Infos Grands Lacs Catherine Ray, porte-parole de la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. La décision prise par le Conseil de l’Ue exprime « notre inquiétude sur les questions des droits de l’homme, en particulier dans les Kasai. Les violences qui sont dramatiques dans ces provinces ne peuvent être dissociées de l’impasse politique à Kinshasa », a par ailleurs souligné Catherine Ray.
Les sanctions ne sont donc pas le fruit du hasard. Après celles adoptées en décembre dernier contre sept hauts responsables du régime de Joseph Kabila, il s’agit bien d’un deuxième rappel à l’ordre pour tous les responsables politiques et militaires congolais qui se rendraient coupables de graves violations des droits de l’homme, menaçant la stabilité du pays et le processus électoral en cours. D’après les termes de l’accord signés en décembre 2016 par la majorité présidentielle et une partie de l’opposition prévoit une phase de transition de 12 mois jusqu’aux élections prévues en décembre 2017.
L’objectif de l’UE « est d’accompagner le pays vers des élections crédibles et transparentes, puisque c’est la seule solution durable », a pour sa part ajouté la porte-parole du service diplomatique européen. Cet objectif est d’ailleurs « le même que celui que se sont fixés les congolais dans l’accord du 31 décembre. La mise en place d’institutions de transition réellement inclusives, qui permettent de mettre en œuvre des mesures de décrispation, est vraiment nécessaire pour avoir un environnement électoral apaisé ».
« A l’heure actuel nous n’en sommes pas encore là », a déclaré Catherine Ray. « Nous appelons donc la majorité et l’opposition à trouver un consensus sur ces défis et soutenons les efforts des Nations-Unies, de l’Union Africaine et de l’Angola allant dans ce sens ». L’UE insiste enfin sur la nécessité de définir un calendrier électoral. Dès lors « que les conditions seront réunies, l’UE sera prête à soutenir les élections ».
Interview réalisée à Bruxelles pour Infos Grands Lacs en partenariat avec Vita/Afronline.org (Italie).