CENI : « Il ne reste à Agathon Rwasa qu’une seule option, se retirer officiellement du CNL »
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a tenu un point de presse ce vendredi 3 janvier pour expliquer les motifs du rejet des candidatures de plusieurs partis dans les prochains scrutins dont celles de la coalition « Burundi bwa bose », qui a immédiatement saisi la Cour constitutionnelle, dénonçant une décision injustifiée et contraire à la loi.
Parmi les 25 partis ayant soumis leurs candidatures, il n’y a que le CNDD-FDD et l’UPRONA » qui ont vu leurs listes de candidats retenues pour participer aux prochaines élections législatives et des conseillers communaux.
Le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye, a évoqué plusieurs motifs pour justifier le rejet des autres candidatures : « certaines listes étaient incomplètes, il y a des candidats qui ne remplissaient pas les critères d’âge requis et des dossiers comportant des documents manquants », a-t-il expliqué.
Cependant, la décision ayant suscité le plus de réactions concerne le rejet des listes des candidatures de la coalition « Burundi bwa bose » incluant des parlementaires issus du CNL écartés de la direction de ce parti par les nouveaux organes adoubés par le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.
Récemment créée, cette coalition regroupe les quatre partis d’opposition majeurs : le Frodebu, le CNDD, le CODEBU et le FDES et elle est officiellement reconnue par le ministère de l’Intérieur. Malgré cela, la CENI n’a pas validé ses candidats aux législatives et aux municipales prochaines.
Les arguments de la CENI
Face aux salves de questions sur ce rejet, le président de la CENI a mis en avant des incohérences juridiques comme argumentaire. Il a souligné que la coalition comprend des membres du parti CNL, dont Agathon Rwasa, alors que ce dernier n’a pas officiellement adhéré à la coalition.
« La coalition « Burundi Bwa Bose » inclut des membres du CNL, dont Agathon Rwasa, mais le parti CNL n’en fait pas officiellement partie. Or, la loi en vigueur interdit l’appartenance simultanée à plusieurs partis », a-t-il martelé.
Il a également donné d’autres précisions : « Bien que démis de ses fonctions de président du CNL, le député Agathon Rwasa, reste membre, de ce parti comme le prouve son mandat de député sous cette étiquette ».
Concernant les membres du CNL engagés dans la coalition, qui affirment exercer un « mandat national et non du parti CNL », le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye a tenu à donner plus de lumière : « Certes, ils exercent un mandat du peuple, mais au nom du parti CNL », a-t-il déclaré.
Le président de la CENI a ajouté qu’il n’y a que deux options qui s’offrent à Agathon Rwasa et aux autres membres concernés : « Renoncer officiellement à leur appartenance au parti CNL ou se présenter en tant que candidats indépendants », a-t-il précisé.
Toutefois, il a souligné que « cette dernière option est désormais irréalisable, car les délais légaux pour le dépôt des candidatures sont déjà dépassés ».
Refusant d’accepter la décision de la CENI, la coalition « Burundi bwa bose » a saisi la Cour constitutionnelle. Elle demande l’annulation de cette décision, qu’elle juge infondée et contraire aux lois en vigueur.
Interrogé sur cette démarche, le président de la CENI, Prosper Ntahorwamiye a déclaré qu’il va respecter les conclusions de la Cour constitutionnelle : « Nous nous inclinerons devant son arrêt ».
« Que la CENI se penche sur nos recours »
Kefa Nibizi, président du parti CODEBU et porte-parole de la coalition « Burundi bwa bose », a expliqué que grande a été leur surprise de constater que la CENI avait rayé de la liste l’ensemble des conseillers communaux de leur coalition, sans aucune forme de considération.
« Notre étonnement se fonde sur le fait qu’il y avait des communes pour lesquelles les CEPI avaient approuvé nos listes. Pour ces communes, nous n’avions pas fait appel à la CENI », a-t-il déclaré.
Selon lui, la CENI aurait dû statuer sur les recours déposés par les formations politiques, qu’il s’agisse des partis ou des indépendants. « La CENI n’avait pas vocation à revenir sur les décisions déjà prises par la première instance de décision, qui est la CEPI », a-t-il précisé.
Pour le président du CODEBU, ce qui a semblé anormal, c’est que la CENI avait publié les décisions des recours concernant les conseillers communaux, alors que le Code électoral prévoit que ces décisions doivent être communiquées par la CEPI.
Il a également souligné que la CENI n’avait pas fourni d’arguments pour justifier le rejet de leurs listes de conseillers communaux. « En conséquence, au sein de la coalition « Burundi bwa bose », nous avons décidé d’adresser une correspondance à la CENI afin qu’elle clarifie ces manquements. Nous attendons qu’elle se penche sur le recours que nous avons déposé. La réponse peut être favorable ou défavorable, mais selon nous, elle devrait être favorable », a-t-il conclu.
Le rejet des listes des candidatures de la coalition « Burundi bwa bose », perçue comme un sérieux adversaire du CNDD-FDD, soulève des questions sur l’ouverture démocratique du processus électoral. L’affaire, désormais entre les mains de la Cour constitutionnelle, pourrait marquer un tournant décisif dans la préparation des scrutins à venir.
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