Chronique sur les messages de haine/Gihanga : Des habitants fustigent les messages d’intimidation
Les messages d’intimidation ont des conséquences néfastes au sein de la société. Les habitants de la colline Rumotomoto en commune Gihanga de la province de Bubanza dénoncent ces agissements monnaie courante en période électorale.
Les habitants de la colline Rumotomoto font savoir qu’ils sont habitués aux messages d’intimidation en période électorale. Ils font savoir qu’en général, la cohabitation entre partis politiques est bonne mais qu’à l’approche des élections tout change. « Des messages menaçants sont utilisés par des acteurs politiques contre ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions avec eux. Ils leur disent « nous devons gagner et vous aller en subir les conséquences. Vous devez voter pour nous. Sinon vous aller voir » », indique un habitant de cette colline.
Joselyne Ndayisenga, une habitante de la colline fait savoir que les messages d’intimidation sont une stratégie préférée par certains politiques pour gagner des partisans. Certains voient qu’ils ne peuvent pas gagner sans utiliser l’intimidation. Ils disent alors « si vous ne votez pas pour nous, nous allons vous tuer. Aujourd’hui, la population est tranquille.
Nous circulons comme nous voulons », souligne-t-elle.
De son coté, un autre habitant explique que l’intimidation peut être bénéfique pour conquérir les sceptiques. « Il y a des gens qui sont intraitables. Pour les ramener à la raison, il faut s’adresser à eux avec fermeté pour leur montrer que les choses sont sérieuses », fait-il observer.
Pour sa part, Albert Minani explique que les auteurs des messages d’intimidation sont motivés par leurs intérêts. Il s’agit, entre autres, de l’accès au pouvoir et à des postes de responsabilité.
Au sein des partis politiques, c’est monnaie
courante, précise-t-il. Selon ces habitants, les conséquences sont néfastes.« L’insécurité s’installe. Le développement est mis en cause car la population reste en alerte. La population se divise et si la justice ne fait pas son travail, des massacres peuvent s’en suivre », soulignent- ils.
Ils trouvent que les auteurs doivent cesser ces agissements pour privilégier les projets de société. Ils demandent des sanctions pour ceux qui sèment la zizanie dans la communauté. « Même si c’est un leader, il n’est pas au-dessus de la loi », insistent-ils.
Des messages dangereux
Christophe Bigirimana, secrétaire exécutif permanent de la commune Gihanga reconnaît lui aussi que des messages d’intimidation sont monnaie courante lors des échéances électorales. « Dans le temps, notre jeunesse était manipulée et facile à manipuler jusqu’ à céder à la confrontation. Aujourd’hui, le phénomène n’existe plus. Vous avez entendu des échauffourées entre les jeunes des partis politiques. C’était surtout entre les jeunes du parti au pouvoir CNDD-FDD et ceux du parti CNL », rassure-t-il.
Cet administratif fait savoir que les auteurs de ces messages d’intimidation veulent s’éterniser au pouvoir pour les uns et accéder au pouvoir pour les autres. Il déplore néanmoins que les messages menaçant affectent le tissu social. « Le tissus social se déchire. Il y a des conflits qui aboutissent aux affrontements et aux guerres. Le développement est mis en cause ».
Christophe Bigirimana indique que des réunions sont organisées sur toutes les collines à propos de la cohabitation pacifique. « C’est pour dire aux membres des partis politiques que l’intérêt supérieur de la nation doit primer sur les intérêts qu’ils visent ».
Selon Emmanuel Ndikumana, expert en leadership serviteur, certains leaders prennent les messages d’intimidation comme moyens de faire adhérer les gens à leurs idées. « Ils ne donnent pas du temps et des occasions à d’autres pour qu’ils puissent donner leurs avis. Des gens se divisent en deux groupes. Certains acceptent et d’autres refusent. Des fois, ils utilisent alors la force pour convaincre ceux qui hésitent », fait-il observer.
Il donne l’exemple de l’enrôlement des électeurs pour le processus électoral en cours. Il rappelle que certaines autorités ont procédé à l’intimidation de la population pour se faire inscrire.
Une façon également, dit-il, de montrer à leur hiérarchie qu’elles sont au travail.
Il fait savoir qu’une telle attitude affecte le climat social. Ce qui fait la société, explique l’expert, c’est la diversité. « On ne peut pas s’attendre à ce qu’une société soit totalement homogène. L’homogénéité dans le sens des perceptions, de l’appartenance politique, ethnique etc. n’est pas possible », souligne-t-il.
Emmanuel Ndikumana appelle les leaders à convaincre par le dialogue, l’échange et l’explication. « Quand on est sûr de soi, l’explication, l’échange et le dialogue amènent beaucoup de bons fruits. Ceux qui sont contraints de suivre agissent par peur », précise-t-il. Et d’insister qu’avant de communiquer, il faut réfléchir.
C’est important pour un leader de réfléchir avant de parler pour ne pas attiser les violences.
https://www.iwacu-burundi.org/chronique-sur-les-messages-de-haine-gihang...