Chronique sur les messages de haine/Gisozi : La population contre la dissimulation de la vérité
Dans certains contextes, des leaders politiques peuvent masquer la réalité sur le terrain pour leurs intérêts. Des habitants de la zone Gisozi en commune Gisozi de la province de Mwaro déplorent cette attitude et appellent à reconnaître les problèmes pour mieux les résoudre.
Certains habitants de la commune Gisozi, zone Gisozi s’insurgent contre les messages de dissimulation de la vérité. Ils estiment que les messages de dissimulation de la vérité est une attitude d’hypocrisie. « Il y a ceux qui disent que tous les Burundais sont rassasiés et satisfaits alors que beaucoup de Burundais souffrent énormément. Ces messages visent à masquer la réalité sur le terrain », se désole un habitant de cette zone.
Pour un autre habitant, dissimuler la réalité et les problèmes du moment c’est montrer que les choses sont bonnes alors que la situation est difficile. « C’est manquer le courage d’affronter la vérité pour éviter toute responsabilité. Ils disent le contraire », se plaint Jeanne Ndayisaba.
Une autre dame explique que s’efforcer de cacher la vérité, c’est pour éviter de trouver des solutions aux problèmes du moment. « C’est refuser de reconnaître la réalité qui a des incidences sur la vie des gens car, ils ne sont pas assistés au même titre que les autres. La situation de vulnérabilité n’est pas reconnue ».
Les habitants de Gisozi considèrent que les leaders cachent la vérité par égoïsme et fuite de responsabilité. « Certains leaders veulent montrer que tout va bien alors que c’est faux afin de gagner la crédibilité et la légitimité par le mensonge. Ils veulent toujours montrer une bonne image pour échapper à leur responsabilité ».
Ils font remarquer que la conséquence est que les problèmes ne vont plus être résolus. Il y aura toujours, disent-ils, de la méfiance et des suspicions entre gens.
Ils demandent aux leaders de reconnaître la vérité et les problèmes du moment. Ils estiment qu’il faut accepter l’existence des problèmes dans la société pour trouver des solutions.
Des messages à combattre
D’après Pierre Claver Kabemyemwo, chef de zone Gisozi, les messages de dissimulation de la vérité est une réalité. « Dissimuler la réalité des problèmes existants c’est faire semblant que la situation n’existe pas alors que la triste réalité est bel et bien là. C’est refuser de reconnaître les problèmes réels. Par exemple, nous avons des problèmes d’approvisionnement en produits Brarudi. On peut dire que les quantités sont suffisantes alors que la réalité sur le terrain est autre ».
Il trouve que l’objectif des auteurs de ce genre de messages est de cacher la réalité pour éviter que leur responsabilité soit engagée. Il invite alors les autres administratifs et d’autres responsables de tenir des messages de paix, de dire la vérité et de reconnaître les faits en vue de les résoudre. « Ils doivent éviter de perdre la crédibilité. Dans ce cas, la communauté devient stable et le développement s’en suit ».
Pour Claude Bitsure, expert en communication, la tentative de dissimulation de la vérité est ce que l’on appelle la langue de bois pour les hommes politiques. Il consiste à mentir, à flatter par de faux messages. C’est une manipulation de la vérité, un raisonnement trompeur. C’est de la malhonnêteté ou de la vanité.
Il fait savoir qu’il existe des leaders qui utilisent ces messages pour atteindre leurs intérêts. « Ils en profitent pour se faire entendre et cacher leurs responsabilités face à une situation donnée. Les auteurs de ces messages ont l’objectif de fausser la vérité ou les enquêtes, de faire disparaître les preuves. Il y a l’exemple de la pénurie des produits de premières nécessités. Des autorités peuvent fausser la réalité pour faire comme si de rien c’était ».
Selon Claude Bitsure, ce refus de la réalité a plusieurs conséquences. Primo, cela fait que la situation problématique persiste. Secundo, des citoyens sont découragés par des promesses n’ont tenues.
Par-là, la population perd la confiance en ses leaders. Tertio, les citoyens peuvent refuser de suivre les injonctions de l’autorité et peuvent être victimes de la migration forcée. « Nous sommes en période post-conflit, ne pas reconnaître peut avoir des mauvaises répercussions. Il peut y avoir des divisions, des conflits et des guerres ».
Cet expert propose des solutions pour inverser la tendance. Il prône des formations à l’endroit de plusieurs acteurs dont les citoyens, les politiques, les autorités administratives et les jeunes sur la communication non-violente.
Ces jeunes, dit-il, peuvent être instrumentalisés par les politiques. « Un mot lâche peut avoir des répercussions sur la vie des citoyens. Des jeunes générations peuvent vivre les conséquences de ces messages. Il faut une communication non violente », conclut-il.
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