juin
08
2021

Coopératives Sangwe à Cibitoke : bilan mitigé

Secretaire-cooperative-Mparambo-II.jpg

Charles Kubwimana la coopérative a pris l’initiative d’acheter des animaux domestiques.

Depuis l’année 2020, le gouvernement a voté un budget de plus de 87 millions de BIF alloué à l’appui des coopératives collinaires du Burundi dans le but de réduire la pauvreté des membres de ces coopératives. Après une année d’activité, certaines coopératives contactées indiquent qu’elles enregistrent des manques à gagner.

10 millions de BIF est le montant que le gouvernement du Burundi accorde aux coopératives collinaires pour appuyer leurs projets de développement. Cette enveloppe est remboursable à la fin de l’année. A l’arrivée de l’échéance, les membres de certaines coopératives indiquent que les projets dans lesquels ils ont investi n’ont généré aucune rentabilité.

Lundi 31 mai, il est 9h. Nous sommes en commune Mugina de la province Cibitoke. Bénéficiaire du montant destiné à appuyer les coopératives collinaires, E.B. indique que sa coopérative a investi dans l’agriculture. Au cours de la première saison culturale, la coopérative a exploité un champ de riz d’une superficie de 2.5 ha. Elle a utilisé un montant de 8.000.000 de BIF pour l’achat des semences et des engrais ainsi que le paiement des frais d’entretien. Après la récolte, les membres de la coopérative ont vendu toute la production pour un montant de 5 millions de BIF, soit une perte de trois millions de BIF. Pour le moment, la coopérative a semé la même culture de riz. E.B. dit espérer que la production sera bonne pour la deuxième saison. Pour le moment, il ne voit aucun moyen de rembourser ce financement. « Au démarrage des activités, la coopérative était composée de 350 membres mais aujourd’hui il ne compte que 200 personnes. Certains membres ont quitté la coopérative Sangwe de cette colline après avoir remarqué qu’ils travaillaient à perte », témoigne E.B., qui ajoute qu’un nouveau membre doit débourser 10.000 BIF comme frais d’adhésion.

Le climat désigné coupable des pertes enregistrées

Charles Kubwimana est secrétaire d’une coopérative Sangwe située dans la commune Rugombo. Ce responsable raconte que sa coopérative a investi dans les cultures de maïs, riz et soja. Après avoir vendu la récolte, la coopérative a pris l’initiative d’acheter des animaux domestiques composés de 52 porcins et 32 chèvres. Des 10 millions reçus, les membres de la coopérative ont mis 9 .400. 000 BIF dans l’agriculture. « Ce montant est utilisé pour préparer le terrain, acheter les semences et entretenir les champs. Le reste étant réservé à l’achat de l’engrais chimique », précise Charles.

D’après lui, la récolte de la première saison est mauvaise. La coopérative a obtenu une quantité de 5081 kg de Riz. Le secrétaire de la coopérative déclare que la production a été vendue pour un montant de 6.300.000 de BIF, soit un manque à gagner de 3.700.000 BIF. Il dit espérer qu’au cours de la seconde saison culturale, la récolte sera bonne.

Interrogées sur les raisons d’un tel manque à gagner, les responsables de ces coopératives évoquent les pluies diluviennes, la sècheresse et l’absence d’eau pour arroser les champs.

Une gestion calamiteuse

P.N. est employé de la commune de Rugombo et membre de la coopérative Sangwe de la colline Cibitoke. Selon lui, les membres de sa coopérative qui se sont attelés à la culture du riz, du maïs et du haricot, n’ont enregistré aucun gain. « Toute la production a été vendue par le responsable et le comité. Le montant de la vente de la production a été réparti par le président et ce comité ». L’employé de la commune demande au président de la République de ne pas continuer à financer les coopératives collinaires. D’après lui, financer les coopératives sert à enrichir le président et ce comité. Il critique également l’ingérence des hauts cadres du pays dans cette coopérative. Cet homme fait savoir que ceux qui dénoncent la mauvaise gestion de cette coopérative sont intimidés et torturés.

C. N. est membre de la coopérative Sangwe de la colline Nkasega zone Ndava Commune Buganda de la même province. Elle indique que sa coopérative est composée de 180 membres, a aussi investi dans des champs de riz, de haricot et de maïs. C.N. avance que la coopérative a réalisé un bénéfice de 13 millions qui a été partagé équitablement par les membres de la coopérative. Elle précise que le montant reçu lui a notamment permis de s’offrir trois chèvres qui donnent du fumier, ce qui est bénéfique pour elle. Elle appelle la population environnante à adhérer à cette coopérative « pour s’auto-développer ».

Gilbert Manirakiza : « Compte tenu des rapports des coopératives, la production est très satisfaisante. Dans ce cas les coopératives vont réussir a remboursé le crédit.»

L’administrateur de la commune de Rugombo, Gilbert Manirakiza, salue le pas franchi par les coopératives dans le développement. Ce responsable communal fait savoir que les coopératives de la commune et même de la province ont rencontré des problèmes. Il indique qu’au cours de la première saison culturale, le taux de pluviométrie était bas. L’administratif se veut toutefois optimiste : « Compte tenu des rapports des coopératives, la production est très satisfaisante. Dans ce cas les coopératives vont réussir a remboursé le crédit.» Il ajoute avoir repéré des responsables de coopératives qui ont détourné le crédit octroyé et d’autres qui n’ont pas réalisé les projets qu’ils avaient présentés. Selon Gilbert Manirakiza, certains responsables des coopératives ont été remplacés tandis que d’autres sont actuellement poursuivis par la justice.

Langues: 
Thématiques: 

Partager