avr
20
2020

COVID 19: Le Burundi n’escorte plus les camions cargos

Suite au mouvement de grève des camionneurs, le gouvernement burundais assure qu’il ne fera plus d’escorte des camions cargos. En outre, il rouvre les frontières avec la RDC et le Rwanda. Du côté des camionneurs, le manque à gagner a été très considérable.

« Les mouvements des camions et/ou véhicules qui passent par toutes les frontières avec le Burundi ne feront plus objet d’escorte policière sur tout le territoire burundais », lit-on dans une note verbale du ministère des Affaires étrangères sortie lundi 13 avril 2020.

En plus pour permettre la continuité de la libre circulation des biens, tel que convenu au niveau de l’EAC, le Burundi fait savoir que les frontières fermées au nord avec le Rwanda et à l’ouest avec la RDC sont rouvertes uniquement pour les camions et autres véhicules transportant les marchandises.

Ladite note recommande aux chauffeurs desdits camions ou véhicules de respecter les mesures d’hygiène et de prévention du Covid-19 en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’arrêts improvisés en dehors des lieux d’escale fixés et convenus.

En outre, le Burundi indique que les conducteurs doivent faire une interaction minimale avec les gens et suivre les mesures d’hygiène. Faute de quoi, ces derniers seront punis conformément à la loi.

Une déclaration de la Fédération des associations de transitaires d’Afrique de l’Est (FEAFFA) annonçant de nouvelles directives prises par la Tanzanie et le Burundi pour lutter contre le COVID19, précise que pour entrer au Burundi, les camions seront contrôlés en fonction de leurs plaques d’immatriculation et de leurs poids.

Ces mesures d’assouplissement sont tombées au moment où les camionneurs qui ont suspendu leurs activités pendant trois jours reprennent le travail. Ces derniers dénoncent les mauvais traitements qu’ils subissent.

L’un des camionneurs sous couvert d’anonymat témoigne le calvaire qu’ils enduraient et lève toute équivoque : « Ce n’est pas une grève des conducteurs des camions en provenance de la Tanzanie. » C’est plutôt une grève des conducteurs de camions faisant le transport entre les pays de l’EAC. « Même ceux qui passaient par le Rwanda et l’Ouganda étaient concernés. Ils n’avaient pas suspendu leurs activités parce que la frontière Burundo-rwandaise était fermée».

Les camionneurs passent plusieurs jours dans le parking

Selon ce camionneur, l’arrêt des activités a été provoqué par plusieurs facteurs. Le Burundi n’a pas respecté les décisions prises par les ministres de la Santé publique des pays de l’EAC pour lutter contre la propagation du coronavirus. A l’issue de cette rencontre, il a été convenu que les camions cargos devaient continuer à circuler librement.

« Dans d’autres pays, comme la Tanzanie, le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda, les services sanitaires nous dépistent à l’entrée. On nous donne un document attestant que nous sommes testés négatifs. Puis, nous continuions le voyage », raconte notre source. Aucune police n’est mobilisée pour les escorter. Lorsque ces camionneurs arrivent à destination, ils déchargent les marchandises et retournent sans problème. Notre interlocuteur témoigne qu’il fait ses affaires sans perdre du temps et de l’argent.

Mais la situation est compliquée au Burundi. Au poste frontalier de Kobero, les conducteurs des camions cargos ne sont pas autorisés à se rendre directement à Bujumbura. « Nous devons attendre l’escorte de la police. Pour partir, il fallait que le parking soit plein. Faute de quoi, nous étions obligés d’attendre plusieurs jours ».



Le calvaire pendant l’escorte

Pour arriver à Bujumbura, ils font entre deux ou trois jours de route. Les camions sont nombreux. Si l’un tombe en panne, d’autres devaient attendre.

Au cours de la route, personne n’est autorisé à s’arrêter pour se soulager ou acheter de la nourriture ou de l’eau. « Imaginez-vous passer deux jours au volant sans rien manger». D’après ce conducteur, ceux qui tentent de s’acheter quelque chose se sont vus tabassés par la police.

Arrivés à Bujumbura, ces chauffeurs étaient mis en quarante. Un autre calvaire commence. Certains conducteurs sont isolés au Port de Bujumbura. D’autres sont confinés dans les chambres à la gare routière de Bujumbura.



Les camionneurs en paient les frais

« Pendant ces quatorze jours, nous ne sommes pas pris en charge. Nous dépensons notre propre ’argent alors que ce budget aurait servi à nourrir nos femmes et nos enfants.», déplore notre source

D’après cette même source, ces jours d’isolement sont pénibles pour les chauffeurs étrangers notamment tanzaniens et kenyans. Ces derniers auraient donné un pot-de-vin pour avoir l’accès à la nourriture et à l’eau.

Et de déplorer que cet isolement n’est pas une véritable quarantaine. s. Ils étaient en contact permanent avec les policiers, les agents de l’OBR et du port.

Suite à ces mesures de mise en quarantaine et d’escorte, les conducteurs des camions cargos déplorent avoir perdu beaucoup d’argent. Normalement, les camionneurs faisant le transport Dar es-Salaam et Bujumbura devaient effectuer quatre tours par mois. Pourtant, personne ne peut dépasser un seul tour suite à cette mesure d’escorte et de mise en quarantaine. « Nous avons encaissé un manque à gagner énorme. Notre revenu a diminué de plus de 75%. »

Le pays, les propriétaires de camions et les propriétaires de marchandises ont également subi des pertes énormes. Signalons qu’après une rencontre des représentants des camionneurs avec le commissaire provincial et le gouverneur de la province Muyinga, dans la matinée du 13 avril 2020, les camionneurs ont repris les activités.

Ces autorités ont promis aux camionneurs qu’il n’y aura plus, ni escorte policière, ni mise en quarantaine pour les conducteurs de camions cargo testés négatifs au COVID 19.

www.iwacu-burundi.org

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