Covid-19 : Le Mouvement des femmes et filles pour la paix et la sécurité au Burundi préoccupé par le cas de leur pays
Pendant que le monde entier est déstabilisé et perturbé par la grave crise causée par ce virus, le gouvernement du Burundi se veut rassurant. “Pas de cas avéré de Covid-19”.
Le Ministère de la santé publique et de la lutte contre le Sida au Burundi a indiqué que les tests effectués ces derniers temps sur les cas suspectés de coronavirus ont été négatifs.
Une bonne nouvelle, d’après le mouvement de femmes et filles pour la paix et la sécurité au Burundi, qui émet toutes fois des doutes. “Pour autant que cela soit conforme à la vérité, nous ne pourrions que nous en réjouir. Mais jusque quand et avec quelle certitude ?” s’interroge madame Marie Louise Baricako, présidente de ce mouvement.
Dans l’entretemps, l’hôpital Kira accuse un manque criant de réactifs de dépistage de Covid-19.
Cet hôpital a adressé une demande officielle de ces réactifs au ministre de la santé publique. Cette structure sanitaire, équipée de plusieurs appareils médicaux qu’on ne trouve pas ailleurs, souhaite avoir plus de réactifs pour bien mener des tests de Coronavirus.
L’hôpital Kira affirme que depuis environs trois semaines, elle reçoit plusieurs cas “très suspects de Covid-19”.
“De plus, pas plus qu’hier (26 mars 2020), trois nouveaux cas, vraiment suspects (signes cliniques et notion avérée de contage), reçus dans notre hôpital ont été notifiés à l’équipe d’intervention “rapide” du ministère de la santé publique et de lutte contre le sida”, s’est alarmé Dr Christophe Cishahayo, directeur général de Kira Hospital.
Selon le MFFPS, “le Burundi refuse donc d’alerter la population, de la sensibiliser à la vigilance en famille et dans la communauté, pour ne pas lui faire peur. En même temps, on ferme les frontières et on décide de mettre en quarantaine tous ceux qui rentrent de l’étranger”.
Quarantaine ou détention…
Cette quarantaine est aussi critiquée: “Sur une base discrétionnaire, les services en charge laissent certains rentrer chez eux et enferment d’autres. Personne ne connaît le critère de sélection de ceux qui peuvent rentrer chez eux et ceux qui sont mis en quarantaine” souligne le MFFPS.
La vie dans les lieux de la quarantaine est dure selon ceux qui s’y trouvent et ceux qui leur rendent visite.
“Il s’agit plutôt d’une forme de détention où les gens interagissent librement, entre eux et même avec le personnel sans aucune précaution. Aucune mesure de prévention ou de protection n’est appliquée dans ces lieux de quarantaine. C’est irresponsable car ce genre de décisions peut contribuer à la propagation de la maladie”, s’alarment ces femmes et filles.
Par ailleurs, ajoutent-elles, “il est dit que le laboratoire de l’INSP est le seul habilité à faire les tests de coronavirus au Burundi. Comment les personnes ayant besoin de ce service y accéderont-ils des lieux éloignés comme Cendajuru, Makamba, Karusi, Cibitoke et ailleurs ? Combien de temps leur faudra-t-il pour accéder à ce service dont le besoin peut être très urgent,..”.
Et de s’interroger: “Comment le Ministre de la santé publique et de la lutte contre le SIDA peut-il prendre cette lourde responsabilité d’être le seul à décider de ceux qui sont référés à l’INSP au moment où l’alerte devrait être maximale et généralisée, en vue d’installer beaucoup de centres à travers le pays pour que les malades puissent y accéder facilement et rapidement” ?
L’urgence de protection du personnel médical
Le Mouvement de femmes et filles pour la paix et la sécurité au Burundi fait un appel pressant aux autorités burundaises pour la protection de la population en général et le personnel soignant en particulier.
“Les moyens nécessaires devraient être mobilisés pour protéger les professionnels de santé qui sont à l’avant garde pour la protection sanitaire de notre peuple, mais qui constituent aussi le groupe le plus à risque pour attirer l’infection au Coronavirus si les équipements de protection appropriés ne sont pas disponibilisés”, recommandent ces femmes et filles pour la paix et la sécurité au Burundi.
“Nos dirigeants savent-ils vraiment que le coronavirus tue et que malheureusement, il ne se limite pas au seul malade initial, mais se propage comme un feu de brousse, aux personnes en contact avec le malade ou porteur du virus, même sans symptômes”, fait remarquer Marie Louise Baricako, présidente de ce mouvement.
Le MFFPS rappelle à la population d’être plus que vigilante.
“Ne soyons pas dupes, la crise n’a peut-être pas encore atteint des allures indéniables, ce qui est une très bonne chose en soi, mais cela ne saurait tarder, si nous continuons à nier et à minimiser le danger. Les pertes sont trop lourdes dans le monde pour ne pas interpeler tout être humain responsable qui vit sur la planète terre”, laisse entendre ce mouvement féminin, constitué essentiellement de celles qui sont en exil.
Ce mouvement des femmes et filles recommande le strict respect des mesures d’hygiène.
“Prenons-nous en charge, veillons aux mesures de propreté partagées partout dans le monde, évitons autant que possible les lieux de rassemblement, surtout là où notre présence n’est pas indispensable, notre survie en dépend. Prenons garde aux problèmes de santé habituellement gérables mais qui se révèlent être aujourd’hui les symptômes de ce COVID-19, à savoir la grippe, le rhume, la toux, la fièvre etc….. Sensibilisons nos enfants et tous nos proches, encourageons-les à la vigilance. Une fois entré, le coronavirus ne sort pas sans avoir fait des ravages”, font savoir ces femmes et filles.
Covid-19 politisé…
Il y a quelques jours, le directeur général de l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, disait que l’Afrique ne sera sauvée que par la capacité d’anticipation et la réaction énergique des gouvernants, la discipline des populations et la responsabilité de chaque citoyen.
“Ce message est on ne peut plus complet et pertinent pour le Burundi et les Burundais” selon le MFFPS.
Ce mouvement lance un appel vibrant aux dirigeants du Burundi pour vis à vis de la lourdeur de leur responsabilité.
“Le peuple a besoin d’être conscientisé, responsabilisé et protégé, mission qui incombe au premier plan aux dirigeants de tout pays. Nous ne cacherons pas longtemps la fumée si la maison brûle. Assumez vos responsabilités, prenez les mesures qui s’imposent avant qu’il ne soit trop tard”, écrivent-elles dans un communiqué rendu public.
Le MFFPS estime que la gestion de la pandémie du Coronavirus est beaucoup plus politisée au Burundi. En avril prochain, des meetings battront plein en vue de convaincre l’électorat pour le scrutin de mai 2020.
“Les élections en vue ne sauraient être un blocage à la protection de la population, montrez à ce peuple que vous vous souciez de sa survie et sa sécurité, et leur vote vous sera garanti” concluent ces femmes et filles.
Le Burundi est entouré par des pays qui ont déjà déclaré plusieurs cas de Covid-19. C’est notamment le Rwanda, la Tanzanie, la RDC ainsi que le Kenya et l’Ouganda qui ne sont pas très loin.
Ces pays qui comptent pour le moment plus de 100 cas avérés de Coronavirus, ont d’ailleurs fermé des frontières et d’autres lieux publics comme les écoles, les églises, les stades et gars routiers.
Le MFFPS demande au Burundi de prendre des mesures de précaution comme l’ont déjà fait d’autres pays limitrophes.