CPI – RDC : Jean-Pierre Bemba acquitté en appel
Condamné en première instance à 18 ans de prison pour « crimes de guerre » et « crimes contre l'humanité » en Centrafrique, l’ancien vice-président et ex-chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba a vu vendredi 8 juin sa culpabilité annulée en appel devant la Cour pénale internationale.
« La chambre de première instance a eu tort de … » Cette formulation plusieurs fois répétée pendant la lecture du verdict en appel, vendredi 8 juin, dans l’affaire Jean-Pierre Bemba a dû forcément susciter des applaudissements au siège du Mouvement de libération du Congo (MLC). D’autant que ce parti espérait la libération de son leader avant la présidentielle – encore hypothétique – prévue le 23 décembre.
Selon la majorité des juges de la chambre d’appel (trois sur cinq), les premiers juges ont commis des « erreurs » qui « ont sérieusement entaché » leurs conclusions. Des charges qui ont été formulées « de façon trop large », la « non prise en compte des mesures prises par Jean-Pierre Bemba », le fait qu’il n’y avait « aucune indication du nombre des crimes », listent notamment les magistrats. Par conséquent, Christine Van den Wyngaert, juge présidente, a annoncé « l’annulation des conclusions de culpabilité de Jean-Pierre Bemba » et son acquittement pour les charges de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ».
Jean-Pierre Bemba ne sera cependant pas remis en liberté immédiatement, a précisé la juge Christine Van den Wyngaert, car il est poursuivi dans l’affaire portant sur la subordination des témoins. Il « demeurera en détention eu égard à une autre affaire dans laquelle il a été déclaré coupable d’atteintes à l’administration de la justice, dans l’attente d’une décision de la Chambre de première instance VII », a précisé la Chambre d’appel de la CPI.
La Chambre d’appel estime cependant « qu’il n’y a pas lieu de le maintenir en détention » et exhorte les juges de première instance à « examiner d’urgence » la mise en liberté.
« Le vrai jeu politique va commencer»
Contacté par Jeune Afrique, le député MLC Fidèle Babala, son bras droit, estime que « c’est un heureux aboutissement pour l’homme, sa famille biologique et politique, mais aussi pour le pays ». Il espère que Jean-Pierre Bemba – « qui reste en prison pour des raisons administratives », selon lui – « retrouvera le plus tôt possible sa liberté.
Son acquittement montre que la vérité finit toujours par triompher
« Le vrai jeu politique va commencer avec ce grand leader de la scène politique congolaise en liberté », a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation pour le Congo (UNC), sur Twitter, dans les minutes qui ont suivi le prononcé de l’acquittement. Il ajoute qu’il ne faut « jamais enterré quelqu’un avant la décision de Dieu ».
« Aujourd’hui est un grand jour pour les Congolais ! », a pour sa part réagit l’opposant Moïse Katumbi, qui adresse sur le réseau social ses « félicitations » à Jean-Pierre Bemba. « Son acquittement montre que la vérité finit toujours par triompher. A ceux qui utilisent encore des faux procès, cette décision marque le début d’une nouvelle ère de justice pour la RDC ».
jeuneafri