fév
14
2025

Crise d’angoisse à Bujumbura

Le discours prononcé à Bujumbura, en réponse à l’évolution inquiétante de la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo, est imprégné d’une angoisse palpable, d’un profond désarroi, et même d’une forme de panique qui transcende les différents échelons du pouvoir. La gravité de l’escalade militaire et l’urgence des mesures prises laissent présager une instabilité interne grandissante, menaçant le pouvoir tant à Bujumbura qu’à Kinshasa, mais également la paix et la sécurité de toute la région des Grands Lacs.

Le 12 février 2025, les forces armées de l’AFC/M23, ont franchi un nouveau seuil en consolidant leur emprise sur des positions stratégiques dans l’Est de la RDC. Cette avancée coïncide avec la prise de plusieurs localités essentielles, notamment sur la route menant à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, à une soixantaine de kilomètres. Ce mouvement est l’aboutissement d’une dynamique depuis sa résurgence fin 2021.

Les localités de Ihusi et Kalehe, Katana, Kabare jusque-là relativement stables, sont désormais sous contrôle de l’AFC/M23. Ces derniers poursuivent leur progression sur la route nationale 2 longeant le lac Kivu, dans un cadre géographique et stratégique d’une grande importance.

Une large majorité des habitants témoigne que les combattants de l’AFC/M23, loin de semer la panique ou de troubler l’ordre public, circulent de manière discrète et non intrusive. Leur présence, loin de susciter l’appréhension, semble paradoxalement renforcer un sentiment de sécurité croissant au sein de la population locale.

Cette tranquillité apparente, bien que propre à la réalité vécue sur le terrain, témoigne d’une situation où l’ordre, s’impose avec une forme de calme inattendu. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’absence d’incidents notables renforce une certaine stabilité, offrant aux habitants, en dépit des circonstances, un répit relatif au sein de leur quotidien tumultueux.

Face à ce tableau inquiétant, le gouvernement congolais a exprimé, par voie de communiqué, sa profonde préoccupation et a demandé la convocation urgente d’une réunion des instances régionales compétentes.

Le Burundi, qui partage une frontière avec la RDC et le Rwanda, n’a pas tardé à intervenir militairement. Environ 10 000 soldats burundais ont été déployés dans le Sud-Kivu, participant activement aux affrontements dans les zones surplombant le lac Kivu.

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, a exprimé avec une détermination affirmée sa volonté de riposter fermement en cas d’agression, déclarant sans ambiguïté : "Celui qui nous attaquera, nous l’attaquerons." Cependant, derrière cette posture de fermeté se dessine une forme de panique palpable, nourrie par la fragilité de la situation. En effet, après avoir subi des pertes humaines considérables dans le Nord-Kivu face à la détermination implacable des forces de l’AFC/M23, le président semble pris dans une crise d’angoisse.

Cette rhétorique exacerbée, où le Rwanda est qualifié de "mauvais voisin", ainsi que les avertissements de guerre généralisée, révèlent une inquiétude profonde, voire une incapacité à maîtriser les événements qui échappent de plus en plus à son contrôle.

Le ton grave de ses propos, annonçant les dangers d’une guerre dévastatrice, traduit moins une certitude d’action qu’une volonté désespérée de masquer une déstabilisation grandissante, tant au niveau militaire, politique, social que diplomatique.
https://fr.igihe.com/Crise-d-angoisse-a-Bujumbura.html

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