nov
02
2021

CSBu vs BHB : clash sur un « vol » de projet

La société Come and see Burundi village, composée de jeunes rentrés de l’étranger, a initié un projet, en cours, de construction de maisons à Bujumbura. Son partenaire, la Banque de l’habitat du Burundi, tente de s’approprier le projet.

Fablice Manirakiza est un jeune de 29 ans qui est rentré au bercail en 2018, après 11 ans en Australie, avec la soif de contribuer au développement de son pays. Il vient avec plusieurs projets dont Come and see Burundi village, la construction d’un village modèle de 28 maisons en étages dans le site Kiyange, au quartier dit miroir à Bujumbura.

Le fondateur de cette société de construction soumet son projet à la Banque de l’habitat du Burundi, jadis Fonds de promotion de l’habitat urbain, pour demander un soutien. La banque accepte.

Les deux parties signent un contrat de partenariat le 19 mars 2019. Dans ce contrat, il est stipulé que la société CSBu, qui exécute les travaux de construction, doit chercher les clients des maisons et les orienter vers la BHB pour demande de crédits. La banque, à son tour, doit accorder les crédits aux clients éligibles soumis par la société CSBu. La BHB conserve les garanties de ces crédits et gagne les intérêts.

Ce contrat précise également que les deux parties conviennent de collaborer, notamment dans la gestion de ces fonds. « Par exemple, en cas d’achat des matériaux de construction, il doit y avoir un chargé d’approvisionnement de la banque et celui de la société. Idem pour la gestion des stocks », confie un des responsables de CSBu.

Le « piège »…

Depuis peu, témoigne un des responsables de la société, la BHB commence à écarter CSBu de certaines activités. Il affirme que lorsqu’il s’agit de s’approvisionner en matériaux, la banque veut aller seule sur le marché. Normalement, les deux parties doivent être représentées, conformément au contrat.

Le comble, pour ce dernier, c’est que la BHB a proposé un autre contrat à la société, au cours de ce mois d’octobre, sans même les consulter dans l’élaboration. Ce contrat nomme le projet BHB-CSBu villages.

Dans ce nouveau contrat que la société CSBu refuse de signer, la BHB se dit « maître d’ouvrage ». La société CSBu est l’ « entreprise de construction » qui n’exécutera que les travaux. Le contrat met aussi en place le « fonctionnaire dirigeant », le représentant dûment accrédité par le maître d’ouvrage qui assure le contrôle et la surveillance des travaux.

Il est également stipulé que le maître d’ouvrage va s’occuper pleinement de l’approvisionnement du chantier et du paiement des fournisseurs des matériaux de construction ainsi que du paiement de la main d’œuvre et du personnel de CSBu aligné sur le chantier.

Dans le même contrat, « l’entreprise CSBu va s’occuper uniquement de la gestion de la main d’œuvre, du volet technique et exécuter les travaux de construction. La CSBu s’engage à continuer à mobiliser les acquéreurs pour les maisons qui ne sont pas encore souscrites».

Concernant le partage des bénéfices issus du projet, le contrat dit que les bénéfices nets issus de la vente des maisons seront partagés entre la BHB et la CSBu au prorata de la contribution de chaque partie dans ce projet. En cas de perte, les deux parties la supporteront à parts égales.

Pour ce responsable de CSBu, ce contrat est une preuve irréfutable que la BHB veut s’approprier totalement le projet. Et d’insister : « Il faut absolument que la banque comprenne que cet argent utilisé pour construire appartient aux clients, pas à la banque. Car le client doit rembourser le crédit. De surcroît, c’est la société qui mobilise ces clients et les met à la disposition de la banque. »

Ces ‘’saboteurs’’ du développement

Le président de la République a visité le chantier de CSBu village, le 21 octobre dernier. Il a félicité cette société, surtout composée de jeunes, pour leur projet qui répond à la politique de l’Etat d’offrir à tout Burundais un toit décent : « Ce sont de jeunes rentrés au pays qui n’ont pas attendu que l’Etat leur donne de l’emploi. Ils se sont créé leur propre emploi. »

Le président Ndayishimiye a évoqué les obstacles auxquels font face cette société. Notamment des autorités qui utilisent la corruption pour collaborer avec la société. Il affirme qu’au départ CSBu village devait être construit à Zege(Gitega). J’ai appris que certaines autorités ont voulu corrompre la société, a-t-il assuré, et le projet n’a pas pu être exécuté dans la capitale politique.

Le président a aussi pointé du doigt la Banque de l’habitat du Burundi qui veut mettre des bâtons dans les roues dans l’exécution de ce projet : « La banque n’a pas la mission de construire, mais de rendre disponible l’argent pour les constructeurs. » Il a affirmé que la BHB a un agenda caché : « Soit elle veut bâcler le projet, soit elle veut avoir sa part. Ce sont des saboteurs du développement. »

Le directeur des opérations de la BHB, Eric Nzambimana, n’a pas voulu s’exprimer sur ces accusations : « Tout ce que vous pouvez savoir c’est que le chantier continue en bonne et due forme, en faveur des clients. »

Le projet Come and see Burundi village est réparti en trois catégories : VVIP, 5 maisons en étages de 5 chambres, construites sur un terrain de 6 ares, chacune coûte 500 millions de BIF. La catégorie VIP comprend trois maisons de quatre chambres, construites sur 3 ares coûtant chacune 340 millions BIF. La catégorie standard regroupe 20 maisons de deux chambres, sur un terrain de 2 ares coûtant chacune 300 millions de BIF.

25 de ces 28 maisons sont déjà vendues. 90% des acheteurs sont des Burundais vivant à l’étranger, selon Fablice Manirakiza, l’initiateur du projet.

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