avr
18
2017

Dans son dernier rapport, l’International Crisis Group parle de purges et de désertions au sein de l’armée burundaise. Le porte-parole de cette institution parle de mensonges.

«La peur d’être tué renforce le mouvement de désertions observé dans l’armée burundaise depuis 2015. Selon des sources militaires burundaises, entre 600 et 2 000 hommes auraient fait défection depuis le début de la crise», écrit ICG dans son rapport intitulé «Burundi : l’armée dans la crise», sorti le 5 avril 2017. Sont cités les noms de certains officiers de haut rang qui auraient déserté dont le lieutenant-colonel Alexandre Mbazumutima, chargé des renseignements à la 120ème brigade, le major Emmanuel Ndayikeza, commandant en second du Bataillon de soutien de la première région militaire et le colonel Edouard Nshimirimana, responsable des transmissions et des communications militaires. «Plusieurs désertions ont eu lieu à l’été 2016 en Ethiopie, en Belgique et à l’Institut supérieur des cadres militaires.»

Selon l’ICG, l’armée burundaise avait acquis une bonne réputation à l’extérieur et un statut avantageux à l’intérieur du pays mais, continue-t-il, elle souffrait en même temps de fragilités latentes et la crise de 2015 a facilement brisé le double consensus sur lequel reposait la stabilité du régime burundais. «Depuis lors, le régime s’efforce de capturer l’institution militaire par une campagne de purge et d’élimination en son sein des opposants réels ou supposés au troisième mandat.»

«Ces départs n’inquiètent pas les forces de défense nationale»

Le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée, ne nie pas ces désertions, mais indique que le chiffre avancé par ICG est exagéré. «A titre indicatif, les soldats qui sont partis avoisinent le nombre de 30.» Et de se demander si les chiffres avancés par ICG ne concernent pas tous les militaires retraités ou ceux qui sont partis de l’armée depuis sa création. « En 2008, 2009 et 2010, il y a eu beaucoup de départs, plus que ce que les détracteurs avancent aujourd’hui et il n’y avait pas de raison politique.»

Le colonel Baratuza affirme que ces départs n’inquiètent pas les forces de défense nationale et leur commandement.

Purges et représailles au sein de l’armée?

D’après ICG, ce sont les officiers de l’armée de l’avant-guerre et les officiers tutsis, mais aussi des officiers ex-rebelles hutus qui sont visés. «Une liste exhaustive de ces arrestations est impossible à établir mais certains cas sont particulièrement révélateurs du ciblage des ex-FAB par le SNR.» Après les officiers, poursuit-il, la répression semble maintenant se concentrer sur les cadres intermédiaires de l’armée (sous-officiers) ainsi que sur les retraités. «Le climat de peur est tel que les militaires ex-FAB qui servent en Somalie appréhendent de rentrer au pays en permission – plusieurs d’entre eux ayant été arrêtés à leur retour.»

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